Dans des luxuriantes forêts tropicales à Porto Rico, le scientifique biologiste Brad Lister a découvert que 98 % des insectes se sont éteints en 35 ans. Cette extinction a provoqué des réactions en cascade sur toute la vie de la forêt, que les scientifiques qualifient d’«Armageddon écologique ».
En 35 ans, 98 % d’insectes en moins sur le sol et 80 % en moins dans la canopée
Brad Lister, Ph.D. diplômé de Princeton University, est un biologiste qui mène des recherches sur l’impact du réchauffement climatique sur les ectothermes de la forêt tropicale de Luquillo et de la forêt tropicale sèche de Guanica à Porto Rico. Suite à des études réalisées dans les années 70, Brad Lister est revenu sur le terrain pour comparer la densité des populations.
Il a alors fait une découverte macabre. En 35 ans dans la forêt tropicale de Luqillo à Porto Rico, 80 % des insectes de la canopée se sont éteints, et ce phénomène monte jusqu’à 98 % d’insectes au sol ! Pour Brad Lister, cet effondrement des populations d’insectes est dû au réchauffement climatique. Entre les années 1970 et aujourd’hui, la température moyenne de la forêt pluviale a augmenté de 2,2 ° C.
L’étude de Brad Lister vient rejoindre le travail d’autres entomologistes sur les conséquences de l’extinction des insectes sur la chaîne du vivant. Ainsi, des scientifiques allemands avaient révélé en fin d’année que 75 % des insectes volants ont disparu en Allemagne (les fameux insectes qui s’écrasaient autrefois sur les pare-brise des voitures).
L’effondrement des insectes, un « armageddon écologique »
Les insectes pèsent plus de 17 fois que l’être humain sur la biomasse de la planète. Ils représentent un pilier tellement fondamental de la chaîne alimentaire que les scientifiques affirment qu’un effondrement du nombre d’insectes risquerait de créer un «Armageddon écologique».
Dans la forêt tropicale de Porto Rico, Brad Lister et ses collègues ont d’abord été frappé par le silence de la forêt, habituellement emplie des chants d’oiseaux, et l’absence de papillons après la pluie. Leurs analyses ont révélé des déclins synchrones aux insectes chez les lézards, les grenouilles et les oiseaux mangeurs d’arthropodes. Ainsi, les grenouilles et les oiseaux ont également diminué simultanément d’environ 50 % à 65 %. La population d’un petit oiseau vert magnifique qui ne mange presque que des insectes, le tody de Porto Rico, a chuté de 90 %.
« Nous sommes tout simplement en train de détruire les systèmes de support à la vie qui nous permettent de maintenir notre existence sur la planète, ainsi que toutes les autres formes de vie sur la planète. C’est horrible de nous voir décimer le monde naturel comme celui-ci. » a déclaré Brad Lister à The Guardian. « Je ne pense pas que la plupart des gens aient une vision systémique du monde naturel. Mais tout est lié et lorsque les invertébrés déclinent, c’est toute la chaîne alimentaire qui va en pâtir et se dégrader. »
Pour mieux comprendre le phénomène, Brad Lister exhorte ses confrères à mener plus de recherches sur l’effondrement des populations d’insectes dans le monde, et leurs conséquences sur nos écosystèmes.