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Des policiers tentent d’intimider la Maire de Rennes à son domicile en pleine soirée

« Ces méthodes d’intimidation ne sont pas admissibles dans une démocratie. "La police nationale et ses agents sont une force au service de l’ordre républicain. Les gardiens de la paix sont d’indispensables garants de la sécurité des citoyens. Les comportements que j’ai observés hier soir n’en sont pas dignes." »

En pleine crise de confiance de la société civile à l’égard de la police, la méthode est tellement choquante que l’information en paraît fausse. Et pourtant, les faits sont là : plusieurs dizaines de policiers sont venus manifester, sirènes hurlantes, sous les fenêtres du domicile de la Maire de Rennes jeudi soir à 23h, réveillant tout le quartier. Dans une lettre ouverte adressée au syndicat de police Alliance, la maire Nathalie Appéré dénonce des « méthodes d’intimidation » qui « ne sont pas admissibles dans une démocratie ».

Une fois encore, les policiers ont manifesté leur colère jeudi 17 décembre tard dans la soirée à différents endroits de la Ville de Rennes : quai de la Prévalaye, devant la préfecture et… sous les fenêtres du domicile de la maire de Rennes, Nathalie Apperé. Pendant plus de 10 minutes, les sirènes ont rugi et réveillé tous les habitants du quartier, provoquant leur colère et leur incompréhension.

Selon OuestFrance, cela fait plusieurs semaines que les policiers manifestent de nuit pour, ironie de la situation, réclamer un meilleur soutien des autorités face à la défiance de la population, mais aussi un accès plus facile au métro de Rennes, qui a été récemment équipé de portiques.

« On veut arrêter de se faire traiter de racistes et de violents, a justifié un agent expérimenté auprès de 20 Minutes. Notre président n’a pas à nous dénigrer ».

Les policiers réagissaient aux propos d’Emmanuel Macron lors de son interview donnée au média en ligne Brut, après le tabassage arbitraire du producteur Michel Zecler par plusieurs policiers lors d’une interpellation filmée. Trois des quatre policiers impliqués ont été en prison.

La maire de Rennes a réagi ce matin dans une lettre adressée au syndicat de police Alliance qu’elle a rendue publique sur Twitter.

« Permettez-moi de vous rappeler une règle simple, utile à connaître pour mener à bien une action syndicale : les revendications visant à améliorer les conditions de travail, obtenir des augmentations de salaire ou des avantages sociaux doivent s’exprimer en direction de l’employeur. Le vôtre est le ministre de l’intérieur. Puisque vous souhaitez que les agents de la police nationale disposent d’abonnements de transports gratuits pour leur usage personnel, je vous invite à porter cette revendication auprès de votre ministre de tutelle. »

Surtout, l’élue a fermement condamné cette action  :

« Ces méthodes d’intimidation ne sont pas admissibles dans une démocratie. La police nationale et ses agents sont une force au service de l’ordre républicain. Les gardiens de la paix sont d’indispensables garants de la sécurité des citoyens. Les comportements que j’ai observés hier soir n’en sont pas dignes. »

Si l’UNSA police ouest a précisé à France3 Régions ne pas être à l’origine du rassemblement à Rennes, ils ont expliqué « comprendre » les motifs de la colère en précisant : « Nous, notre consigne c’est l’application du code 562, cela veut dire plus de patrouilles, les policiers se mettent en attente, plus de contrôles de d’identité, plus d’initiatives. »

L’opération menée par les policiers hier soir serait donc l’un des symptômes de la mise en compétition des éléments de la police par le Ministère de l’intérieur afin de mieux servir les intérêts de ce dernier, ainsi que nous vous l’expliquions dans cet article :

Lire : « Derrière les violences policières, une institution au service du capitalisme financier »

S’adressant directement au Secrétaire Départementale du Syndicat Alliance Police Nationale, la maire de Rennes Nathalie Apperé lui a rappelé que la Ville met déjà à disposition du commissariat une soixantaine de titres de transports pour les aider à mener leurs opérations, et a précisé :

« Je note que vous préférez courageusement m’interpeller dans la presse et envoyer une trentaine de policiers en uniforme mener une opération d’intimidation nocturne sous mes fenêtres, au mépris de ma famille et de tous les habitants du quartier où je réside. Dans le contexte anxiogène de cette année 2020, et alors même que la relation entre la population et sa police est malmenée, votre mode d’action ne manquera pas d’interpeller. »

Pour cause, toute manifestation doit préalablement être déclarée en préfecture et un policier n’a ni le droit de manifester, ni celui de faire grève durant son service, ainsi que le précise le code déontologique de la police :

Article R434-29 du code de Sécurité Intérieur : « Le policier est tenu à l’obligation de neutralité. Il s’abstient, dans l’exercice de ses fonctions, de toute expression ou manifestation de ses convictions religieuses, politiques ou philosophiques. »

Article R. 434-14 – Relation avec la population : « Le policier ou le gendarme est au service de la population. Respectueux de la dignité des personnes, il veille à se comporter en toute circonstance d’une manière exemplaire, propre à inspirer en retour respect et considération. »

De leur côté, des citoyens s’interrogent sur cette démonstration de force :

« Hier soir, des policiers ont donc manifesté devant le domicile de la maire de Rennes, à 23h, en tenue, gyrophares allumés, semant la panique dans tout le quartier. Est-ce que ça fait partie des “pressions communautaires sur les élus” que vise la loi sur le “séparatisme” ? »

Fin septembre 2019, six gilets jaunes avaient été condamnés à des amendes de 500 à 1.500 euros, quatre mois après avoir manifesté de nuit devant le domicile de la Secrétaire d’état Marlène Schiappa.

Les yeux sont désormais rivés sur les pouvoirs publics pour savoir ce qu’il va advenir des policiers ayant commis cette infraction, la protection dont le gouvernement leur fait preuve jusqu’à présent étant l’un des grands points de crispations de la société.

A Paris et à Nantes, des policiers avaient également bruyamment manifesté leur colère, plongeant la population dans l’anxiété. Car si l’édile de Renne a courageusement rappelé à l’ordre le syndicat en lui précisant qu’elle n’avait pas pour habitude de se laisser intimider et qu’il était donc inutile de renouveler cette opération, une question reste en suspens : qui protège la population de la police ?

Laurie Debove

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