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Des enclos privés conçus uniquement pour chasser cerfs, sangliers, daims, chevreuils…

En France, il existe pourtant 1 300 parcs et enclos qui détiennent de 50 000 à 100 000 animaux : cerfs, chevreuils, mouflons, daims, etc. A l’image des safaris-trophées en Afrique, ils sont tous destinés à être chassés moyennant rémunération : environ 9.000 euros la journée de chasse pour 20 sangliers tués, selon l’Office national de la chasse et de la faune sauvage (ONCFS).

Dévoilée par l’association ASPAS, une vidéo montre l’envers du décor d’un phénomène peu connu mais pourtant légal en France : la chasse en enclos. Cette pratique particulière de la chasse met en lumière le rapport de l’humain avec les autres animaux, et l’espace que nous laissons, ou pas, à la faune sauvage en France.

La chasse en enclos

L’Association pour la Protection des Animaux Sauvages a infiltré un parc pour la chasse, situé en Nouvelle-Aquitaine, pour en savoir plus sur les dessous de ce système méconnu. En France, il existe pourtant 1 300 parcs et enclos qui détiennent de 50 000 à 100 000 animaux : cerfs, chevreuils, mouflons, daims, etc. A l’image des safaris-trophées en Afrique, ils sont tous destinés à être chassés moyennant rémunération : environ 9.000 euros la journée de chasse pour 20 sangliers tués, selon l’Office national de la chasse et de la faune sauvage (ONCFS). L’existence de ces parcs est possible car 75% des forêts françaises sont privées, et que le droit de chasse vient du droit du sol.

Les images dévoilées par l’ONG de protection de la nature ont de quoi faire froid dans le dos. L’ASPAS a donc lancé une pétition pour interdire la chasse en enclos. Au-delà de l’aspect amoral de cette pratique dénoncé par l’ASPAS, le faible contrôle de telles activités pose de sérieuses questions sur les conséquences de ce système ayant lieu dans des enceintes privées : animaux d’élevage destinés à être chassés et leurs conséquences sur la faune et la flore locale en cas d’évasion, problème d’hybridation sur les animaux exotiques comme les cerfs Sika avec des espèces locales. 

« L’exemple de la vidéo est déplorable, je pense que beaucoup de chasseurs trouvent ça totalement nul et contre leur éthique. Il n’empêche qu’il est mis en exemple pour proposer une pétition contre la chasse dans les enclos et parcs, qui peut être parfaitement éthique au vu la grande taille des parcs et des espèces qui y sont chassées. Chasser le sanglier dans un parc n’a aucun intérêt. L’espèce est classée « nuisible » (je n’adhère pas à cette dénomination), mais il est vrai qu’elle fait beaucoup de dégâts, etc. Généralement, elle se chasse suffisamment bien de partout. » témoigne Grégoire, chasseur en Rhône-Alpes, pour La Relève et La Peste

La place laissée au sauvage en France

La France compte au moins 350 élevages de sangliers destinés à la chasse. Alors que l’un des arguments avancés par les chasseurs est celui de la régulation des espèces, chasser des sangliers en enclos est particulièrement incompréhensible en raison de leur prolifération dans les campagnes françaises ces dernières années. L’augmentation de leur population est due à un manque de prédateurs (notamment les loups) et à une pratique de la chasse conservatrice avec « une forte tendance à la capitalisation des animaux reproducteurs ».

Crédit photo : Diana Parkhouse

« Aujourd’hui le lobby de la chasse est bien plus puissant que les lobbys écolos simplement parce qu’il y a 1,1 million de chasseur actifs qui constituent une population relativement homogène. Ça fait beaucoup plus de poids que les gens réellement engagés dans les associations écolos et ceux qui s’insurgent de choses qu’ils ne connaissent pas derrière leur écran. Interdire la chasse ok, mais alors il faut aussi interdire les chats domestiques vu les dégâts énormes qu’ils font sur la biodiversité. » précise Grégoire, chasseur en Rhône-Alpes, pour La Relève et La Peste

Si notre seul rapport aux animaux est de les enfermer, que ce soit pour les chasser, les manger ou les avoir comme animaux de compagnie, et que c’est le seul espace qui leur reste, que cela dit-il de notre civilisation ? La chasse en enclos peut ainsi être vue comme une continuité de la position de domination de l’humain sur la nature et au sauvage. 

L’opposition pro/anti-chasse permettrait-elle l’émergence d’un nouveau rapport à la nature ? Au lieu de laisser le recensement des animaux sauvages aux chasseurs, les amoureux de la nature seraient alors invités à rejoindre les effectifs des associations de l’environnement sur le terrain pour une meilleure compréhension des milieux naturels et des espèces qui y évoluent.

Laurie Debove

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