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Derrière les publicités Le Gaulois, Maître Coq et Marie, la souffrance des poulets

Enfermés par dizaines de milliers dans le même hangar, à plus de 20 par mètre carré, « sans accès à l’extérieur, sans lumière naturelle » et sans pouvoir se percher ou étendre leurs ailes — des besoins pourtant élémentaires —, les bêtes gisent dans leurs excréments, qui leur brûlent les poumons et la peau, les condamnant parfois à la mort avant même l’abattoir.

Nouvelle campagne choc de L214. Ce mardi 18 mai, l’association de protection animale publie trois clips vidéo et une pétition appelant le groupe LDC, leader européen de la la transformation et la commercialisation de volailles, à mettre fin à ses pires pratiques d’élevage intensif.    

Très discret dans le paysage de l’agroalimentaire français, le groupe Lambert Dodard Chancereul (LDC) n’en représente pas moins 40 % du marché national de la volaille, 4,4 milliards d’euros de chiffre d’affaires en 2020, pour plus de 300 millions d’animaux abattus chaque année.

Travaillant avec 6 100 éleveurs en France, LDC est aussi propriétaire de trois marques bien connues : Le Gaulois, Maître CoQ et Marie, qui fournissent une large gamme de viandes ou de produits transformés à base de volaille.

La plupart des viandes que ces trois filiales vendent aux consommateurs, à travers les enseignes de distribution, proviennent d’élevages intensifs dans lesquels les poulets subissent des conditions de vie « déplorables », peut-être les pires qui soient, indique L214.

Enfermés par dizaines de milliers dans le même hangar, à plus de 20 par mètre carré, « sans accès à l’extérieur, sans lumière naturelle » et sans pouvoir se percher ou étendre leurs ailes — des besoins pourtant élémentaires —, les bêtes gisent dans leurs excréments, qui leur brûlent les poumons et la peau, les condamnant parfois à la mort avant même l’abattoir.

« Les poulets sont sélectionnés génétiquement pour grandir plus vite, ajoute Léo Le Ster, chargé des campagnes agroalimentaires pour L214, ce qui fait qu’ils ne sont pas capables de porter leur propre poids. Enfin, ceux qui survivent à ces conditions d’élevage sont envoyés à l’abattoir où ils sont pendus par les pattes, à l’envers, et égorgés. » 

Des clics vidéo pour montrer l’envers du décor

Les courtes vidéos de L214 s’attaquent à la communication jugée mensongère de chacune des trois marques du groupe LDC. Parodiques, elles montrent que derrière les spots publicitaires de Le Gaulois, Maître CoQ et Marie, où poules et poulets semblent respirer un air pur de campagne, respectueux de leur bien-être, se cachent en réalité des pratiques inavouables, « rendues possibles par l’insuffisance de la réglementation ».

« Les consommateurs ne se rendent peut-être pas compte que derrière ces emballages qui mettent en avant une certaine tradition et les belles publicités, ce sont des volailles qui souffrent, sont déformées, commente Léo Le Ster. Or, à L214, nous avons montré que 91 % des Français sont opposés aux élevages intensifs de poulets. »

Dans son communiqué, l’association explique que près de 90 grandes enseignes des filières agroalimentaires ont déjà souscrit aux mesures de l’European Chicken Commitment (ECC).

Porté par une trentaine d’ONG, ce document engage ses signataires à respecter un cahier des charges d’ici 2026, notamment sur les densités d’élevage maximales de poulets (30 kg/m2), l’inclusion de perchoirs et de substrats à picorer, l’accès à la lumière naturelle ou encore la qualité de l’air et les méthodes d’abattage (pas d’accrochage vivant). 

L’inexplicable immobilisme de LDC

Malgré l’aspect minimal de ces exigences, le groupe LDC refuse toujours de signer la charte européenne, préférant mettre en avant une démarche de sa création, « Nature d’éleveurs », qui prévoit par exemple de réduire la densité des élevages de 10 % (de 22 à une vingtaine d’animaux par mètre carré) et de faire passer les bâtiments neufs ou rénovés en « lumière naturelle ».

Selon L214, ces engagements éludent « trois mesures primordiales de la demande portée par les associations, que sont la baisse significative des densités d’élevage, l’arrêt de l’utilisation de souches d’animaux à croissance rapide et la méthode d’abattage ».

L’ECC préconise plutôt une densité de 15 à 16 têtes au mètre carré, bien loin de la vingtaine, donc, promise par le groupe LDC.  Ces exigences sont-elles si difficiles à respecter ?

« On ne leur demande vraiment pas la lune, nous répond Léo Le Ster. D’autres grands acteurs se sont déjà engagés, comme Dominos, Carrefour. Nous ne proposons pas la meilleure solution, mais la moins pire, celle qui ferait barrage aux méthodes d’élevage les plus désastreuses. »

À travers ses différentes filières, le groupe LDC approvisionne déjà les enseignes de la grande distribution en viande de poulets issus d’élevages plus responsables.

Mais comme le dit Léo Le Ster, « il continue de jouer sur les deux tableaux » : pariant sur son relatif anonymat dans l’opinion publique, LDC ne s’engage pas pour ses marques Le Gaulois, Maître CoQ et Marie. 

« LDC n’a aucune excuse, s’impatiente le chargé de campagne à L214. C’est toute la chaîne agroalimentaire qui doit prendre ses responsabilités aujourd’hui. Il ne peut pas y avoir de transformation de l’élevage en France si tout le monde ne joue pas le jeu. D’autant qu’ici nous sommes sur des demandes consensuelles. »

Une pétition et un mail-type à envoyer à LDC

Sur son site internet, l’association propose aux consommateurs et aux militants de signer une pétition pour demander à LDC de « bannir ses pratiques » les plus intensives. Les citoyens qui le souhaitent peuvent également interpeller le géant de l’agroalimentaire en lui faisant parvenir par voie électronique une lettre de réclamation au format prédéfini par L214.

Comme le prouve l’exemple de la production d’œufs, qui est en train de mettre fin peu à peu à l’élevage de poules pondeuses en cage, un changement en profondeur de la filière de la viande de volaille est possible sans que l’économie n’en soit affectée.

« Le pire de l’élevage intensif européen, voire mondial, se trouve en France, nous apprend Léo Le Ster. Plus de 80 % des poulets sont élevés sans accès à l’extérieur, avec des densités supérieures à la plupart des autres pays, même la Pologne, souvent pointée du doigt. Aujourd’hui, nous donnons à LDC l’occasion de changer de modèle, en s’engageant à respecter les critères européens. »

Augustin Langlade

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