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Dans le Var, 50 000 panneaux solaires menacent 130ha de forêt, abri d’une riche biodiversité

« On a mandaté des experts naturalistes indépendants, qui ont trouvé des espèces “oubliées” par Voltalia » confirme la porte-parole de l’association à La Relève et La Peste.

À Camps-la-Source, petite commune varoise de 1.900 habitants, un projet de construction de centrale photovoltaïque, censé répondre aux impératifs de la transition énergétique, au prix du sacrifice de toute une biodiversité, est au cœur d’une polémique.

Un « champ solaire » en pleine forêt

Porté par la mairie en partenariat avec l’entreprise Voltalia, ce projet qui vise à installer 50.000 panneaux solaires sur 30 hectares, menacerait en réalité 130 hectares de la forêt. Le Collectif Citoyen Campsois, un groupe de militants locaux, s’érige contre cette aberration écologique.

Les 30 hectares annoncés, qui représentent la surface des panneaux, ne sont qu’une partie du problème. 40 hectares supplémentaires seraient impactés par les obligations légales de débroussaillement autour du site et la création des infrastructures nécessaires à la centrale, telles que des pistes d’accès et des zones techniques. Surfaces auxquelles s’ajoutent 60 hectares supplémentaires, destinés à l’ouverture du milieu en compensation. Au total, ce sont donc 130 hectares de la forêt qui sont menacés selon les calculs des naturalistes de l’Association Nationale pour la Biodiversité.

« Les choses sont présentées de façon à ce que ça passe » s’indigne Marie Véroda, co-présidente du Groupe National de Surveillance des Arbres, auprès de La Relève et La Peste.

Ce projet a pour objectif de produire 30 MWc d’électricité verte. Une rentabilité énergétique qui dépasse largement les besoins locaux.

« La mairie devrait se contenter d’un projet beaucoup plus petit, sur des surfaces industrielles et anthropisées » continue Marie. La question sur l’utilisation de ce surplus reste entière. Sachant qu’en France, l’énergie électrique n’est pas tracée. Elle ajoute « qu’il est possible qu’il soit destiné aux industries très polluantes de la côte ou vendu à l’étranger. Si c’est le cas, pourquoi sacrifierait-on les forêts, et encore plus celles de l’arrière-pays ? »

Selon le Préfet de la région, Philippe Mahé, il s’agirait d’une réponse à des supposés besoins croissants. Or, en France, « les prévisions de consommation s’inscrivent dans une projection finale de la consommation d’énergie en France de la SNBC à l’horizon 2050 qui vise une baisse de 40 % en 30 ans soit 930 TWh en 2050 contre près de 1600 TWh aujourd’hui » précise un rapport du Sénat.

Genette dans la forêt

La genette d’Europe est présente sur le site, cette espèce est protégée en France

Des répercussions graves et durables sur l’environnement

La zone concernée est classée « Zone Naturelle d’Intérêt Ecologique, Faunistique et Floristique » (ZNIEFF de type 2), reconnue pour ses écosystèmes riches et peu modifiés. En plus de voir tout le paysage bouleversé à cause du défrichement de la forêt, ce projet risque de dévaster la biodiversité, entraînant une dégradation des habitats de nombreuses espèces animales protégées comme la Tortue d’Hermann, la Genette d’Europe et le Criquet hérisson.

Le GNSA et l’ANB (Association Nationale pour la Biodiversité) ont travaillé sur des expertises scientifiques pour compléter les études d’inventaire et d’impact présentées par Voltavia, jugées lacunaires.

« On a mandaté des experts naturalistes indépendants, qui ont trouvé des espèces “oubliées” par Voltalia » confirme la porte-parole de l’association à La Relève et La Peste.

Indiqué comme absent sur le site dans l’étude de recherche menée par Voltalia, le loup gris est pourtant bel et bien menacé. En effet, le résultat des échantillons biologiques des études complémentaires valide sa présence.

« Voltavia annonce avoir prospecté pendant quatre mois. Mais en réalité, cette comptabilisation repose sur la mise en place de cinq caméras sur le site pendant trois semaines » livre Marie Véroda à La Relève et La Peste.

Certains impacts ne sont ni pris en compte, ni mentionnés. S’il venait à se concrétiser, ce projet aurait également des répercussions conséquentes en termes de risques d’incendies et de préservation des ressources en eau.

« Dans le Var, le risque d’incendie est problématique. On a fait une simulation en cas de mistral et de vent du sud. L’étendue de l’incendie serait sidérante ».

Les sites choisis pour l’implantation des panneaux solaires sont situés dans des zones classées « risque très fort » sur la carte des aléas incendies de forêt. En déboisant ces terrains, la barrière naturelle qui protège la barre de Saint-Quinis sera affaiblie. Avec la sécheresse croissante, la perte de couverture végétale accroîtra les températures au sol et les risques d’embrasement augmenteront. En mai 2023, à Saint Antonin du Var, 3000 m2 ont brûlé au cœur d’une centrale photovoltaïque. La complexité d’intervention de ce type d’espace a empêché les pompiers d’éteindre rapidement l’incendie.

Autre préoccupation majeure : l’impact potentiel sur la pluviométrie et sur l’approvisionnement en eau de la commune. La centrale solaire serait construite au-dessus d’une nappe phréatique qui alimenterait Camps-la-Source en eau potable. La déforestation prévue perturberait le cycle naturel de l’eau.

Criquet hérisson

Criquet hérisson

Le GNSA et l’ANB aux côtés du Collectif Citoyen Campsois pour faire pression

Avant de prendre une décision sur ce projet, la commune n’avait pas fait de réunion d’information à la population. Le collectif lui reproche de ne pas avoir exploré d’autres alternatives.

« La commune a indiqué avoir des zones déjà urbanisées, mais pas suffisantes pour couvrir la surface du projet de Voltalia » assure Marie Véroda à La Relève et La Peste.

La difficulté liée aux questions d’implantation de panneaux sur des toits concerne l’implication de Voltalia.

« Ça coûte beaucoup trop cher. Quand on voit les millions qu’ils gagnent sur un projet, ils pourraient faire cet effort, s’ils étaient dans une démarche soucieuse de l’environnement » souligne Marie.

Néanmoins, le maire reconnaît que l’aspect financier joue un rôle non négligeable dans ce projet. En effet, Voltalia reverserait 175.000 euros par an à la commune pendant 40 ans, ce qui représente environ 10% du budget municipal.

L’association Collectif Citoyen Campsois a fait un gros travail de formation et de sensibilisation auprès des riverains pour « détricoter l’image d’Épinal, habilement présentée par Voltalia, pour occulter un certain nombre de choses ».

Pour faire un site industriel sur la forêt, une enquête publique est nécessaire pour la modification du PLU (Plan Local d’Urbanisme). « Les résultats officiels de l’enquête publique manquent à l’appel, alors que ça fait déjà cinq mois » affirme Marie. « On présume que c’est négatif. Si c’était l’inverse, ils auraient déjà annoncé le résultat en faveur du projet  »

Le Collectif Citoyen Campsois continue sa mobilisation et a récemment organisé une conférence publique. Associée à une pétition qui a déjà recueilli 1.500 signatures pour dénoncer ce projet. De son côté, le GNSA et l’ANB maintiennent leur travail d’investigation scientifique qui repose sur des données indépendantes, afin d’appuyer son opposition.

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Chloe Droulez

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