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Considérer la nature comme une valeur marchande nous conduit à notre perte

Patricia Balvanera, co-autrice du rapport, a déclaré : « Un projet de développement peut générer des avantages économiques et des emplois, pour lesquels les valeurs marchandes de la nature peuvent être évaluées, mais il peut également entraîner la disparition d’espèces, et la destruction de sites patrimoniaux importants pour l’identité culturelle ».

Le 11 juillet 2022, l’IPBES, groupe international d’experts sur la biodiversité sous l’égide de l’organisation des Nations Unies, a publié un nouveau rapport sur la façon dont la nature est valorisée dans les décisions économiques et politiques. Le constat est sans appel : la nature est très largement vue comme une valeur marchande, et c’est également ce qui participe à sa perte.

L’évaluation méthodologique a été réalisée sur une période de 4 ans, par 82 scientifiques et experts venant de toutes les régions du monde, sur la base de 13 000 références. Ana María Hernández Salgar, la Présidente de l’IPBES, a déclaré :

« Cette évaluation représente une contribution précieuse à la réorientation de toutes les décisions afin qu’elles soient suivies de résultats bénéficiant à l’humanité et au reste de la nature. »

D’après le rapport, « La plupart du temps, l’approche du processus décisionnel politique a fait priorité sur un ensemble de valeurs étroites, au détriment de la nature et de la société ainsi que des générations futures, et a souvent ignoré les valeurs associées aux peuples autochtones, et les conceptions du monde de populations locales. »

Selon Ana María Hernández Salgar, la Présidente de l’IPBES, la biodiversité est en déclin principalement à cause de cette approche.

Les scientifiques ont établi que 74 % des études actuelles sur la nature sont pensées sur des valeurs marchandes. La pensée économique de court-terme occulte les valeurs non-marchandes de contribution de la nature telles que la fonction, la structure et les processus des écosystèmes, selon lesquels la vie dépend pourtant.

Patricia Balvanera, co-autrice du rapport, a déclaré : « Un projet de développement peut générer des avantages économiques et des emplois, pour lesquels les valeurs marchandes de la nature peuvent être évaluées, mais il peut également entraîner la disparition d’espèces, et la destruction de sites patrimoniaux importants pour l’identité culturelle ».

Lire aussi : « One Health » : allier santé humaine, animale et environnementale pour limiter les pandémies

D’après les scientifiques, c’est la raison pour laquelle le terme de « développement » doit être redéfini. Il s’agit également de se ré-expliquer ce que signifie « bonne qualité de vie » et ainsi, selon les mots de Patricia Balvanera : « reconnaître la multiplicité des relations des êtres humains entre eux et avec le monde naturel ».

Selon l’IPBES, il existe aujourd’hui plus de 50 méthodes différentes pour donner une valeur à la nature, et par conséquent, de nombreuses alternatives possibles à la seule pensée économique.

L’organisation intergouvernementale invite ainsi le processus décisionnel politique à prendre en compte 4 axes : Vivre de la nature (la capacité de la nature à fournir des ressources pour assurer des moyens de subsistance des êtres humains), Vivre avec la nature (la vie des êtres non-humains, par exemple le droit intrinsèque d’un poisson à vivre librement dans une rivière), Vivre dans la nature (la nature en tant que cadre contribuant à forger un sentiment d’appartenance et d’identité à des individus), et Vivre comme la nature (la connexion physique, mentale et spirituelle des êtres humains avec la nature).

Il s’agit de passer d’une vision seulement anthropocentrée, où l’on vit de la nature, à une vision plus large, où l’on vit comme elle et avec elle, en y incorporant le respect de la diversité du Vivant, dans le but d’une cohésion et d’une harmonie entre les activités et besoins des êtres humains et la nature.

Du 5 au 17 décembre, avec deux ans de retard (du fait du COVID-19), aura lieu à Montréal (Canada) la COP15 Biodiversité. Cette grille de lecture est importante dans le redéfinition des objectifs mondiaux pour préserver la nature d’ici 2050. Si certains voudraient que cet accord devienne aussi important que l’Accord de Paris pour le climat, les ONGs évoquent déjà le risque d’une répétition de la Conférence de Copenhague de 2009, qui s’était soldé par une échéance flexible, avec aucun objectif quantitatif de réduction de gaz à effets de serre écrit dans l’accord.

Maïté Debove

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