A l’origine professeur des écoles, Adeline s’est lancée dans l’ouverture d’une pépinière en Ile-de-France parce qu’il lui était important d’agir à son échelle. L’Enracineuse donne vie à des végétaux forestiers indigènes pour réduire l’empreinte carbone de la production et des plantations. Il s’agit de la seule pépinière de la région où la collecte des graines est faite directement dans les alentours : les végétaux sont ainsi entièrement adaptés au climat et au sol.
Ce sont les enfants d’Adeline qui lui ont tout d’abord donné une sensibilité à l’écologie et l’envie d’agir à son échelle. C’est également la fascination qu’elle a toujours eu pour les arbres et la forêt. En août 2020, elle commence à semer, à bouturer avec tous les végétaux sur ses balcons, dans l’idée de les planter et de les proposer un peu partout.
Après avoir planté près de 300 végétaux, elle donne de l’ampleur à son action et commence à proposer ses plants à prix coûtant à des associations ou des structures publiques.
Son projet se développe graduellement, en parallèle avec son métier de professeur des écoles. Depuis août 2020, Adeline a expérimenté avec plusieurs types de plantations, participé à des stages, réalisé de nombreuses recherches. C’est ce qui l’a menée à produire uniquement avec des végétaux forestiers indigènes.
Elle explique auprès de La Relève et La Peste : « Je cherchais à produire des végétaux qui soient équilibrants des écosystèmes. »
Ses recherches approfondies sur le sujet lui ont appris les dangers de la réintroduction de nouvelles espèces pour la biodiversité locale, et l’ont ainsi amenée à se spécialiser dans les végétaux locaux, adaptés à notre faune et flore.
« Je veux faire naître des arbres et des arbustes forestiers locaux. Replantés en Essonne et dans le sud de l’Ile-de-France, ils sont destinés à devenir des haies bocagères, forêts denses, s’insérer dans des espaces urbains et des écoles végétalisés. Ils recréeront des corridors écologiques et redonneront leur place à la flore et faune locales. »
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Adeline rappelle que des études montrent que, par exemple, les abeilles ont plus d’appétence pour les végétaux locaux. Le but est avant tout de faire de la manière la plus respectueuse possible pour l’environnement et de réduire l’empreinte carbone de la production et des plantations.
En tant que professeur, Adeline a sensibilisé chaque année ses élèves à la protection de l’environnement, en leur proposant des classes en forêt, des projets sur la biodiversité et la création de jardins.
Désormais, elle propose des ateliers nature à la pépinière, en forêt, dans les écoles, en centres périscolaires, en relais d’assistantes maternelles, en EPHAD, en tiers-lieux locaux, en MJC, auprès d’associations, etc.
L’objectif des divers ateliers d’Adeline est de recréer du lien avec la nature :
« Dans les grandes villes, on est déconnectés. Le but est d’ouvrir le regard. Il n’y a pas que des arbres, il y a des marronniers, des tilleuls, des érables. En deux heures d’atelier, en ne marchant que cent mètres en forêt, il y a tellement d’espèces. La biodiversité qui est en train de s’éteindre, elle est là. Il est possible d’agir, tout près. »
Mais attention, pas question de cueillir n’importe comment. Pour ne pas perturber les écosystèmes, Adeline cueille seulement 20% des graines d’un individu végétal, et le laisse intact quand il porte trop peu de fruits.
D’après Adeline, aider autrui à s’émerveiller devant la diversité des espèces est déjà un énorme pas. Mais si chacun peut à son échelle faire quelque chose, c’est d’autant plus efficace si plusieurs esprits s’éveillent et se rassemblent pour agir ensemble.
Elle ajoute : « Je crois beaucoup en mon projet, ça répond à quelque chose d’utile. On se rend bien compte que les haies qui ont disparu des champs est une vraie catastrophe. C’est le moment de ramener de la vie dans notre agriculture. »
Les recherches d’Adeline lui ont fait comprendre qu’il est très difficile de trouver ce qu’un arbre apporte à son écosystème. Mais c’est également là tout l’intérêt, puisque l’aventure est immense. Apprendre à connaître, reconnaître les végétaux et leurs besoins au sein de leur écosystème nécessite des heures de balade en forêt, d’observation et de recherche qu’elle dit réaliser avec bonheur.
Pour chaque espèce, elle enquête sur ce qu’elle produit, apporte au sol. Adeline nous explique que les arbres donnent des indications sur le sol et le milieu dans lequel ils vivent ; un endroit où beaucoup de saules poussent indique par exemple un endroit avec de l’eau. Un jour, ces indications pourront être utiles, voire essentielles.
Depuis juillet 2022, Adeline travaille à plein temps pour sa pépinière et ses ateliers, et des valeurs qui lui sont chères. Une partie de sa production est réservée chaque année à des associations et structures publiques portant des projets de plantation, qu’ils aient un but pédagogique ou de préservation de l’environnement.
Elle a mis en place un financement participatif qui se terminera à la mi-décembre afin de développer son équipement et faire progresser son beau projet.