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Au Pérou, des attrape-brouillard remplissent les réservoirs d’eau

« C’est le grand avantage de ce système décentralisé. Ils sont peu chers, simples à construire. »

A Lima, la capitale du Pérou, de larges structures semblables à des voiles de bateaux sont plantées en haut du mirador le plus élevé de la ville. Une quarantaine de ces capteurs de brouillard, ou attrape-brouillard, y sont plantés, permettant une capture d’eau, qui s’écoule doucement dans des réservoirs, et soulagent les millions de personnes qui auparavant n’avaient pas accès à l’eau potable.

Lima, une ville à sec

Plus de 10 millions d’habitants vivent à Lima, l’une des villes les plus sèches au monde. Le climat y est désertique et il n’y pleut quasiment pas. Les précipitations annuelles s’élèvent à 203 mm. Et la sécheresse empire avec le réchauffement climatique.

De grandes divisions subsistent dans la ville entre la population riche et les quartiers pauvres. Environ 1,7 millions des habitants n’ont pas accès au réseau d’eau potable de la ville et sont contraints d’acheter depuis des camions-citernes, même si l’eau n’est pas potable. La majorité de ces personnes vivent dans les collines, dans les bidonvilles du pays. Pour Abel Cruz, président de l’ONG El Movimiento Peruanos sin Agua (Le Mouvement des Péruviens sans Eau) : « C’est une tragédie. Tout le monde doit avoir accès à l’eau potable. »

La ville est enveloppée d’un épais brouillard gris nommé Le Ventre de l’Âne par les habitants durant la majeure partie de l’année. Le vent glacial et humide en provenance de l’Océan Pacifique entre régulièrement en collision avec l’air chaud et subtropical des côtes péruviennes. Mais ce brouillard s’est avéré être une occasion pour l’ONG.

En 2012, l’organisation a reçu 20 000 dollars de la part de USAID, l’Agence des Etats-Unis pour le développement international. Dix ans plus tard, 600 attrape-brouillards étaient installés à Lima, et 2000 dans tout le pays. En juin 2023, le projet a reçu de nouveau un soutien massif grâce à un accord signé avec le maire de Lima pour installer 10 000 attrape-brouillards de plus d’ici 4 ans dans les collines entourant la ville.

Des attrape-brouillard – Crédit : ONG Movimiento Peruanos Sin Agua

Les attrape-brouillard en développement pour soulager les habitants

Abel Cruz est également à l’origine de l’installation des attrapes-brouillards à Los Tres Miradores, un quartier très pauvre de Lima. Depuis 2021, une quarantaine de ces attrape-brouillard, faits de filets en polyéthylène sur plusieurs mètres de large, y sont installés horizontalement, en haut des monts brumeux de la ville.

Ces 40 attrape-brouillards fournissent assez d’eau pour 180 familles. Grâce à eux, ils peuvent se laver, nettoyer, boire (après filtration chez soi), et irriguer les cultures de petits potagers et jardins. El Movimiento Peruanos sin Agua a apporté le matériel et les communautés ont installé ces infrastructures par eux-mêmes.

Bertha Nuñez, une femme de ménage de 39 ans, a immigré à Los Tres Miradores il y a deux ans, et cultive désormais dans son jardin des citrouilles et d’autres légumes grâce aux attrape-brouillards. Elle partage : « La vie ici n’est pas facile. Mais au moins, désormais, je n’ai plus à m’inquiéter d’un manque d’eau. »

Installation des attrape-brouillard

Installation des attrape-brouillard – Crédit : ONG Movimiento Peruanos Sin Agua

A Los Tres Miradores, une famille typique consomme 50 litres d’eau par jour, contre 250 litres pour une famille du quartier le plus riche de Lima, San Isidro.

La chercheuse allemande Anne Lummerich, qui teste les attrape-brouillards depuis une vingtaine d’années, estime que les populations auront de plus en plus besoin de localiser leurs sources d’eau : « C’est le grand avantage de ce système décentralisé. Ils sont peu chers, simples à construire. »

Ces attrape-brouillards nécessitent cependant de la place et de l’entretien. Elle ajoute :  « Les communautés doivent assumer la responsabilité [des attrape-brouillards] pour que le système fonctionne. » Et ils nécessitent le climat adéquat, c’est-à-dire des zones avec beaucoup d’humidité, de changement de température et donc de brouillard.

La municipalité de Lima, lors de son accord pour de nouvelles installations d’attrape-brouillard, estime pour sa part que le projet a le potentiel d’apporter : « une reforestation, de créer des poumons écologiques, de l’écotourisme, et en même temps de fournir de l’eau pour la consommation humaine, pour des vergers bio, des jardins botaniques, le lavage du linge, des ustensiles, etc. »

Sources : Peter Yeung & Melanie Pérez Arias, « The backyard farmers who grow food with fog », 18/09/23, Reasons to Be Cheerful

Maïté Debove

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