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Après avoir frôlé la pénurie, Le Cap a réduit sa consommation d’eau de moitié en seulement 3 ans

L'objectif de la Ville est désormais de garantir un approvisionnement en eau à 99,5% d’ici 2030 à tous ses habitants. Elle a été récompensée par l’International Water Association pour être la première cité d'1 million de citoyens à avoir réduit de moitié sa demande en eau.

Après une sécheresse prolongée depuis 2015, en mars 2018, les réservoirs du Cap, ville d’Afrique du Sud de 4,7 millions d’habitants, étaient à sec. La municipalité a même annoncé que les robinets allaient bientôt être coupés dans toute la métropole. Pour faire face à cette crise, la Ville a lancé un plan de rationnement et de gestion de l’eau, évitant de peu une catastrophe. Trois ans plus tard, la méthode a porté ses fruits.

Cette crise survient à cause de la crise climatique, aux côtés d’une croissance soutenue de la population (+80 % entre 1995 et 2018) et une mobilisation de l’eau de plus en plus lourde des systèmes agricoles: un tiers de l’eau du bassin hydrographique servait à irriguer les vignes.

En mars 2018, la municipalité a annoncé une pénurie totale et que les robinets allaient bientôt s’assécher dans toute la métropole. Les pouvoirs publics marquent alors dans les esprits l’imminence d’une interruption de fourniture d’eau à domicile en surnommant cette perspective “Day Zero”, qui doit survenir début juillet de la même année.

A l’époque, les réservoirs sont à moins de 26 % de leur capacité. Day Zero s’officialise à 13,5 %. Les habitants pourront alors venir chercher seulement 25 litres d’eau par jour, soit environ “4000 habitants quotidiennement” pour chaque point d’eau.

Pour faire face à cette crise, la ville a réagi avec un plan d’action en plusieurs étapes. D’abord, une transformation des habitudes individuelles : les autorités appellent les habitants à réduire leur consommation de 25 % immédiatement, avec un objectif sur le long terme de 50 %.

Ensuite, une gestion plus économe des usages agricoles, une amélioration de la distribution (358 écoles de la région sont rapidement équipées d’instruments de contrôle de la consommation d’eau), une meilleure gestion des écoulements naturels (avec de nouveaux puits), et enfin une gestion plus collective des nappes d’eau souterraine est mise en place.

La ville a finalement réussi à réduire de moitié sa consommation structurelle en eau, soit environ 500 millions de litres par jour.

En juin 2018, les économies de consommation et de bonnes pluies ont permis d’augmenter les niveaux des réservoirs de 43 %, et la ville a annoncé qu’une répétition du jour zéro était très peu probable pour 2019. Les restrictions d’eau ont dû rester en place jusqu’à ce que les réservoirs atteignent 85 % de leurs capacités. Au 16 juillet 2018, les niveaux avaient atteint 55,1 %.

Selon la géographe Gina Ziervogel, « la gestion de la sécheresse au Cap peut servir d’exemple à d’autres villes ». Elle démontre que pour améliorer la gestion des ressources hydrauliques en milieu urbain, les autorités locales devraient se concentrer sur le rassemblement d’information, la communication et l’appel à des spécialistes.

L’action gouvernementale devrait également être renforcée, car le manque de coopération entre les autorités nationales, provinciales et municipales avait exacerbé le problème. La coopération au sein du gouvernement est également essentielle.

L’évènement a cependant souligné les inégalités dans les urgences, et au Cap, spécifiquement celles héritées de l’apartheid en Afrique du Sud. Les usages de l’eau étaient ainsi loin d’être les mêmes au début de la crise en 2018 : alors que la population aisée du centre-ville devait cesser de remplir ses piscines, les résidents des bidonvilles subissaient déjà de graves pénuries d’eau potable.

L’objectif de la Ville est désormais de garantir un approvisionnement en eau à 99,5% d’ici 2030 à tous ses habitants. Elle a été récompensée par l’International Water Association pour être la première cité d’1 million de citoyens à avoir réduit de moitié sa demande en eau, en seulement 3 ans qui plus est.

Si la crise a pu être évitée, les sècheresses et autres évènements extrêmes vont être de plus en plus communs à l’avenir, et ce à différents endroits du globe. La BBC a publié une liste de 11 villes : Sao Paulo, Bangalore, Pékin, Le Caire, Jakarta, Moscou, Istanbul, Mexico, Londres, Tokyo et Miami qui risquent de connaître des crises de pénurie d’eau avant 2040.

Sources :

« La gestion de la sécheresse au Cap peut servir d’exemple à d’autres villes », Gina Ziervogel, The Conservation/« The 11 cities most likely to run out of drinking water – like Cape Town », BBC

Maïté Debove

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