C’est une formidable victoire pour toutes les personnes mobilisées depuis plus de 2 ans dans la lutte contre l’A69 entre Toulouse et Castres. C’est la première fois qu’une autoroute est stoppée en France à ce stade du chantier. En quelques années, cette lutte est devenue le symbole de la répression d’Etat pour servir des intérêts privés.
Des cris et pleurs de joie, des effusions, des accolades fraternelles débordent à l’annonce du résultat. La détermination des opposants à tout faire pour freiner le chantier en attendant la décision de justice vient d’être dignement récompensée.
Ce jeudi 27 février, le tribunal administratif de Toulouse a suivi l’avis de la rapporteure publique qui a dénoncé « l’absence de raison impérative d’intérêt public majeur » du projet et annule l’arrêté préfectoral autorisant le chantier de l’A69 entre Toulouse et Castres.
« C’est une décision historique qui nous redonne confiance en la justice après le traumatisme vécu par la répression hors-norme que les opposants au chantier ont vécu », réagit Olivier Chollet, du GNSA, pour La Relève et La Peste
Selon les derniers chiffres du concessionnaire Atosca, 45% des volumes de terrassement et 70% des 200 ouvrages de franchissement auraient été réalisés. Cependant, aucun béton n’a été coulé sur les 53km du tracé et le chantier a pris beaucoup de retard par rapport à son objectif initial.
Crédit : Matthieu RONDEL / AFP
Les écureuils, ces militants qui grimpent dans les arbres pour empêcher leur abattage, ont fait partie des acteurs centraux de cette mobilisation pour freiner la progression du chantier.
« Chaque jour et chaque nuit passés dans les arbres a été offert dans l’espoir que ce moment arrive, s’enthousiasme Reva, l’un des écureuils ayant fait une grève de la faim, auprès de La Relève et La Peste. On n’a jamais été dans une lutte résignée, on a toujours été habités par la victoire collective que nous allions obtenir. Cette décision de justice couronne tout ce temps passé ensemble, c’est le plus beau des scenario qui se joue actuellement. On est comblés et c’est bien la preuve que l’activisme marche, est utile. »
Crédit : Alain Pitton
Leur objectif était d’éviter que le scénario terrible du Grand Contournement Autoroutier de Strasbourg ne se répète. Le tronçon d’autoroute a été construit avant que la justice ne puisse trancher sur le projet. Lorsqu’elle avait fini par rendre sa décision interdisant le chantier, l’autoroute était déjà finie.
C’est la première fois qu’une autoroute est stoppée en France à ce stade du chantier.
« L’A69 est devenu un emblème, le symbole du passage en force de l’État pour défendre des intérêts privés. Les enjeux étaient tellement forts que la répression suivait et le fait d’avoir fait tomber ce chantier, c’est colossal. Le résultat de tellement de visages et de modes opératoires, c’est la preuve qu’une action collective peut changer le cours des événements. Cela va appeler beaucoup de victoires sur d’autres luttes » se réjouit Reva auprès de La Relève et La Peste
L’annulation du chantier est également une bonne nouvelle pour les contribuables qui allaient devoir participer plus que prévu au financement de l’autoroute.
« On espère que cette décision fasse jurisprudence. Il faut faire évoluer dans la loi pour que les jugements arrivent avant le début des travaux. Nous souhaitons maintenant réfléchir à un projet de territoire qui ait du sens et socialement et économiquement à long-terme. Les transports et la mobilité territoriale peuvent être autre chose que le tout-voiture » conclut Olivier en souriant.