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A Lyon, 100 personnes reçoivent 150€ par mois pour s’acheter des aliments bio

« Je ne faisais pas attention à ce qu'il y avait dans mon assiette. Maintenant, je reprends le pouvoir sur mon alimentation. » 

Alors que les députés écologistes présentent une proposition de loi pour soutenir les expérimentations de sécurité sociale de l'alimentation, à Lyon, depuis septembre 2024, un collectif d'habitants fait déjà une caisse commune. Un reportage de Camille Tribout.

« Le beurre, c’est un par famille ! », lance Tania Riquelme-Venet, coordinatrice d’Épi c’est bon. Il est 16 heures et l’épicerie solidaire proposant des produits bio et locaux aux habitants du 8e arrondissement de Lyon s’apprête à accueillir les habitués. Comme 17 autres lieux du quartier, depuis septembre 2024, Épi c’est bon participe à l’expérimentation de la sécurité sociale de l’alimentation (SSA).

Imaginée par le collectif d’habitants Calim8 et grâce au soutien d’associations et subventions de la Métropole de Lyon, « chaque mois, plus d’une centaine de personnes de 38 foyers cotisent selon leurs revenus, au minimum un euro, et reçoivent une même somme en crédit numérique à dépenser dans des épiceries bio ou solidaires, des commerces, des Amap ou maraîchers, sélectionnés par les habitants », développe Léa Thévenot, chargée de démocratie alimentaire pour Territoires à VivreS Grand Lyon, pour La Relève et La Peste.

Une personne seule reçoit 150 euros, une personne supplémentaire 75 euros, et un enfant 45 euros. Afin de poursuivre le dispositif, un équilibre financier entre subventions publiques et cotisations est à trouver, à l’image de ce qui s’est fait en Gironde ou à Cadenet, dans le Vaucluse.

La Sécurité Sociale de l’Alimentation à Lyon

Constitué en février 2024, un groupe d’habitants représentatif de la population du 8e, où la majorité vit sous le seuil de pauvreté, se réunit chaque mois pour construire et faire évoluer la caisse selon leurs besoins. Les participants ont visité des exploitations agricoles et suivi des formations autour de l’alimentation ou des fondements de la sécurité sociale afin de disposer d’un socle commun de connaissances et pouvoir décider ensemble.

« Bien que la majorité des bénéficiaires soient en situation de précarité, ce n’est pas un projet pour les pauvres. Il a vocation à être universel et national, tout en s’adaptant aux territoires », souligne Léa auprès de La Relève et La Peste

Dessin de la SSA – ©Territoires à VivreS Grand Lyon

Droit à une alimentation de qualité

« La micro-ferme des États-Unis, le restaurant anti-gaspi La Récupéria… Je ne connaissais pas ces lieux alors que j’habite à côté. En redécouvrant mon quartier, j’ai changé ma manière d’acheter et de cuisiner. Je faisais mes courses au supermarché », analyse Marie, 29 ans, pour La Relève et La Peste.

Si acheter ses produits dans différents commerces de proximité bouscule ses habitudes et demande plus d’organisation, aujourd’hui adhérente d’une Amap, elle concède : « Je ne faisais pas attention à ce qu’il y avait dans mon assiette. Maintenant, je reprends le pouvoir sur mon alimentation. » 

La microferme des États-Unis à Lyon

De cette façon, elle s’oppose aussi aux logiques spéculatives de l’agroalimentaire. Dans le quartier Grand-Trou, Mélanie voit la caisse comme un « soulagement ». Chaque mois, sa famille cotise 90 euros et perçoit une allocation de 270 euros. Bénévole depuis 2023 à Épicentre, une épicerie solidaire, et mère de deux enfants, elle achète désormais des produits qu’elle « n’aurait jamais pu se permettre ».

Elle y retrouve également un peu de dignité : « On ne m’a jamais autant appelée par mon prénom. » Isabelle, vivant seule et en insertion professionnelle, « redevient une citoyenne » et se réjouit de contribuer à un  « projet respectueux de celles et ceux qui nous nourrissent ».

Épicerie sociale et solidaire ©Camille Tribout

Pérenniser les liens entre producteurs, commerçants et habitants

Épiceries et producteurs renforcent également leurs coopérations. « Nous avons augmenté nos commandes auprès de producteurs des Monts du Lyonnais et élargi nos propositions de fromages ou de confitures », illustre Tania. La cofondatrice d’Épi c’est bon note également une augmentation de 15 % de son chiffre d’affaires depuis le lancement de l’expérimentation.

Mais cette dernière retient surtout les liens qu’elle tisse avec les nouvelles personnes fréquentant son épicerie : « Les familles viennent avec leurs habitudes et on apprend à les connaître, on leur fait découvrir des fruits et légumes qu’elles ne consommaient jamais. »

Le jeudi 20 février, à l’occasion de la niche parlementaire écologiste, l’Assemblée nationale étudie une proposition de loi visant à développer ces expérimentations de sécurité sociale de l’alimentation, notamment portée par les députés Charles Fournier et Boris Tavernier.

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