La ville de Sceaux va distribuer des culottes menstruelles à ses habitantes pour lutter contre la précarité menstruelle. L’initiative est issue de la Scéenne Léa Deturche, dans le cadre de son projet SoPem, qui comprenait une étude sur la précarité, l’hygiène et les produits chimiques. 200 culottes seront distribuées lors d’une conférence, et d’autres futures distributions sont envisagées.
Un an auparavant, Léa Deturche a présenté un projet de sensibilisation des femmes sur les impacts sur la santé de l’utilisation de serviettes et de tampons et de lutte contre la précarité menstruelle.
Elle a proposé que, dans le cadre du budget participatif, la ville offre 200 culottes menstruelles aux jeunes filles et femmes de Sceaux. Pour la mairie, le projet est très intéressant puisque le budget participatif comprend une partie sur l’environnement et accorde ainsi une véritable importance au zéro déchet.
Il comprend également des parties santé et sociale : les personnes qui participent n’ont pas à dépenser l’argent que nécessite tout au long de l’année des protections hygiéniques jetables.
Pour Florence Presson, adjointe au maire aux transitions et à l’économie circulaire et solidaire de Sceaux, l’opération est très importante et permet de mettre des mots sur les règles qui peuvent être handicapantes dans la vie. Tout le processus d’accompagnement compte.
A Sceaux, la maison éphémère des transitions propose également une association sur les vêtements de seconde main, et une ressourcerie ouverte quasiment toutes les semaines. Dans cette dernière, un garde-manger solidaire développé avec l’association Hop Hop Food permet aux habitants de déposer de la nourriture pour les personnes en situation précaire. Un meuble est également à disposition pour qu’ils y disposent des produits hygiéniques dont des culottes menstruelles, dans lequel les jeunes peuvent se servir.
Une conférence avec inscription au préalable est organisée le 29 avril pour toutes les personnes qui vivent ou travaillent à Sceaux, afin de sensibiliser le public à la précarité menstruelle et distribuer les culottes à toutes les personnes participantes.
L’enjeu est particulièrement important d’un point de vue sanitaire. En février 2016, le magazine 60 millions de consommateurs a publié une étude sur la composition des tampons vendus en grande surface. Les trois types de tampons analysés contenaient tous des résidus toxiques.
Parmi les substances analysées se trouvaient des dioxines, classées cancérogènes (au-delà d’un certain niveau d’exposition), qui perturbent le système immunitaire, le système hormonal et qui impactent de façon néfaste la procréation.
Les tampons contenaient également des composés organiques halogénés (tels que l’iode, le brome, et le chlore), du glyphosate (un herbicide et cancérogène probable), et des insecticides, ou pesticides organochlorés, qui sont considérés comme des perturbateurs endocriniens.
Selon FranceInfo, Elisabeth Borne a annoncé sur France 5 qu’un remboursement des protections périodiques réutilisables (serviettes hygiéniques lavables, culottes et coupes menstruelles) par la Sécurité sociale sera mis en place à partir de 2024 pour les moins de 25 ans.
Florence Presson a cependant estimé pour La Relève et La Peste que la précarité menstruelle a besoin d’une action immédiate. La conférence a été promue lors d’un évènement sportif le 19 mars, et beaucoup d’hommes ont participé et montré leur soutien envers le projet. Pour Florence Presson, il y a eu un changement de comportement très marquant.
C’est une belle preuve de l’avancée des mentalités et de l’importance accordée aux menstruations, douleur indicible de beaucoup de femmes.
Crédit photo couv – svetikd