L’abattage « inacceptable » d’une espèce protégée a commencé. Le préfet de Haute-Savoie a finalement donné raison aux éleveurs et élus locaux, en lançant l’extermination de 75 bouquetins de Bargy au prétexte de lutter contre la brucellos. La LPO et la FNE dénoncent une décision indigne alors que 95% des bouquetins capturés et relâchés depuis le début de l’année étaient sains.
Les tirs résonnent dans le Massif du Bargy, et l’accès y est formellement interdit pendant deux jours sous ordre de la Préfecture de Haute-Savoie. Alors que le Conseil National de Protection de la Nature (CNPN) avait émis un nouvel avis défavorable à ce projet en juin 2022 et que la justice avait suspendu l’arrêté qui autorisait leur abattage, le Préfet est passé en force.
« En dépit de cette décision de justice, le préfet de Haute-Savoie a déposé un nouveau projet d’arrêté en juillet 2022 pour autoriser l’abattage des bouquetins qui n’ont pas encore pu être capturés et testés, soit 75 individus, ce qui demeure inacceptable » expliquent la FNE et la LPO dans un communiqué commun
En cause : l’apparition d’un nouveau cas de brucellose chez un bovin en novembre 2021. La brucellose est une maladie infectieuse qu’on retrouve chez certains animaux et chez l’homme. Elle est le plus souvent attrapée par contact avec des bovins caprins et ovins affectés. La majorité des personnes infectées sont donc des éleveurs. Fièvre, douleurs musculaires, fatigue, douleurs articulaires sont les symptômes habituels. Elle se soigne par antibiotiques. Cette maladie domestique a été transmise à certains animaux sauvages.
« Comme le loup, le Bouquetin des Alpes a bien failli disparaître de France durant le siècle dernier, victime d’une chasse impitoyable, avant d’être protégé au niveau international à partir des années 1960 et de bénéficier de la création des grands parcs nationaux alpins, comme celui de la Vanoise. En dépit de ce statut, des dérogations préfectorales ont été obtenues dans le Massif Haut Savoyard du Bargy pour éliminer des bouquetins » déplorent les associations de protection de l’environnement
Depuis le printemps 2022, 170 bouquetins ont été capturés et il a été constaté que plus de 95% n’étaient pas porteurs de la maladie.
Les associations dénoncent des abattages indiscriminés qui mettent en péril la survie de l’espèce alors que des femelles en âge de procréer vont être tuées, et les hardes désorganisées.
« Les pouvoirs publics ne tiennent compte ni des concertations effectuées par leurs soins, ni de la science. La faune sauvage ne peut être traitée au même titre que les animaux d’élevage en cas d’épidémie en ayant recours à des abattages massifs au nom du principe de précaution » concluent-ils
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