Bonne nouvelle pour le bien-être animal. Mardi 23 août, l’Espagne a adopté une mesure obligeant tous les abattoirs du pays, sans exception, à installer des systèmes de vidéosurveillance pour s’assurer que les bêtes ne sont pas maltraitées avant leur mise à mort.
Approuvé par le gouvernement socialiste de Pedro Sánchez, le décret royal contenant cette mesure emblématique touche environ 700 établissements, qui disposent d’un ou deux ans, en fonction de leur taille, pour se mettre en conformité avec la loi.
Comme le précise le ministère de la Consommation espagnol, les caméras devront couvrir, à minima, « les installations où se trouvent les animaux vivants, y compris les zones de déchargement, les couloirs et les espaces où sont pratiquées les activités d’étourdissement et de saignée », ainsi que d’échaudage, dans le cas des porcs et des volailles.
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Les responsables des abattoirs auront l’obligation de conserver les images de vidéosurveillance pendant au moins 30 jours, durant lesquels elles seront tenues à la disposition des services d’inspection sur simple demande.
Le pari gagnant des animalistes
Alberto Garzón, le ministre de la Consommation, s’est félicité de voir son pays « à l’avant-garde de l’Europe » dans le domaine du bien-être animal. Jusqu’à présent, seuls l’Angleterre, l’Écosse et Israël avaient adopté un tel système.
Ces dernières années, en Espagne, les associations de protection animale ont publié de nombreuses enquêtes chocs dénonçant les pratiques illégales de certains abattoirs du pays. Utilisant les mêmes méthodes que L214, en France, ces structures militantes ont misé sur la violence des images saisies sur le vif, en caméra cachée, pour infléchir la législation. Un pari gagnant.
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« Cela a secoué les consciences, celles des organisations animalistes, mais aussi des citoyens ordinaires de ce pays, sans oublier le coût en termes de réputation pour la majorité du secteur, pour tous ceux qui font bien leur travail », a ainsi reconnu Alberto Garzón.
Son homologue à la tête de l’Agriculture, Luis Planas, a quant à lui précisé que le décret royal avait obtenu « le soutien total du secteur » de la viande, ulcéré, semble-t-il, que les pratiques d’une « minorité » portent atteinte à tous les autres.
Et en France ?
Selon Libération, sur les 886 abattoirs que comptait notre pays, début 2022, « moins d’une soixantaine sont équipés d’un système vidéosurveillance », installé à chaque fois à l’initiative du propriétaire.
Évoqué par Emmanuel Macron pendant sa campagne, en 2017, le principe d’obligation a finalement été abandonné après son élection.
En déplacement à Madrid, le ministre de l’Agriculture, Marc Fesneau a cependant rappelé que des expérimentations étaient menées dans certains abattoirs volontaires, et que la demande d’une surveillance renforcée montait parmi les salariés du secteur.
L’idée avance, lentement.