C’est une décision historique : l’Assemblée nationale vient de reconnaitre et condamner le génocide et les crimes contre l’humanité que subissent les Ouïghours. La France devient ainsi le huitième pays à faire cette reconnaissance solennelle. Cette reconnaissance est l’aboutissement d’un long travail de mobilisation citoyenne et parlementaire contre les crimes atroces perpétrés par la Chine sur la communauté Ouïghoure.
Souhaitant remédier à un attentisme inexplicable concernant le sort réservé aux Ouïghours en Chine, 47 parlementaires membres du Collectif de solidarité avec les Ouïghours et issus de différents groupes politiques avaient déposé, le 17 juin à l’Assemblée nationale, une proposition de résolution « portant sur la reconnaissance et la condamnation du caractère génocidaire des violences politiques » de la RPC à l’égard de l’ethnie musulmane.
A la quasi-unanimité (169 votes pour, un contre et cinq abstentions), ce jeudi 20 janvier, l’Assemblée nationale française a adopté cette résolution dénonçant le génocide des Ouïghours par la Chine et demandant au gouvernement français d’en faire de même, et ce à quelques jours de l’ouverture des JO d’hiver de Pékin.
La proposition stipule que l’Assemblée « reconnaît officiellement les violences perpétrées par les autorités de la République populaire de Chine à l’encontre des Ouïghours comme constitutives de crimes contre l’humanité et d’un génocide » et les « condamne ».
L’Assemblée Nationale « invite le gouvernement français » à faire de même et à adopter « les mesures nécessaires auprès de la communauté internationale et dans sa politique étrangère à l’égard de la République populaire de Chine » pour que la situation cesse.
« Quasiment personne ne parlait de la déportation des Ouïghours il y a trois ans. C’est votre engagement à toutes et tous qui a permis de briser ce silence et a poussé nos élus à en débattre. Vous avez changé le cours de l’Histoire. Maintenant, il faut que cette résolution soit suivie d’actions de notre gouvernement et des institutions européennes. Le combat continue ! » a réagi le député européen Raphaël Glucksmann
Le ministre chargé du Commerce extérieur, Franck Riester, a pointé des « violences systématiques » et des « témoignages accablants », mais a rappelé que la qualification formelle de génocide relevait d’instances internationales, pas du gouvernement.
L’adoption de cette huitième résolution est un nouveau signal fort envoyé au reste de la communauté internationale pour mettre un terme aux crimes perpétrés contre les Ouïghours.
Le texte, sans portée contraignante, a été défendu à la tribune par le Premier secrétaire du PS Olivier Faure dans le cadre d’une journée réservée au groupe socialiste. Il a dénoncé « la machine implacable qui vise à l’éradication culturelle et biologique d’un peuple », et fustigé également les grandes entreprises et marques occidentales « qui continuent à utiliser le travail forcé » de cette communauté turcophone musulmane de la province chinoise du Xinjiang.
Ces entreprises sont régulièrement visées par des appels au boycott et des campagnes coups de poing par les activistes écolos, à l’image de celle menée contre Uniqlo par l’Institut Ouïghour d’Europe et de jeunes militants tels que Camille Etienne.
Les organisations de défense des droits de l’Homme accusent la Chine d’avoir notamment enfermé plus d’un million de musulmans dans des camps de « rééducation politique », camps de concentration qui n’avouent pas leur nom. Les hommes et femmes enfermés là-bas subissent entres autres d’atroces tortures selon un rapport accablant publié le 10 juin dernier, « Comme si nous étions ennemis de guerre », par Amnesty International.
La Chine prétend que ces camps de concentration sont des « des centres de formation professionnelle destinés à les éloigner de la radicalisation. » Aujourd’hui, les Ouïghours sont plus que jamais menacés suite à une série d’attentats attribués à des islamistes et des séparatistes.