Après Chamonix, c’est au tour de Bonifacio de réserver les zones constructibles aux seules résidences principales. La commune corse devient la première du littoral français à adopter cette mesure, un changement majeur pour les locaux qui peinent à se loger à cause des résidences secondaires.
Trop, c’est trop. Avec 65% de résidences secondaires, la cité des falaises devenait peu à peu une ville morte.
« Outre le déséquilibre démographique, il est prouvé que quand on arrive à des déséquilibres aussi importants, on s’achemine tout droit vers un déclin économique » explique le maire de Bonifacio, Jean-Charles Orsucci, pour Corse Net Infos.
C’est pourquoi la commune de Bonifacio a décidé d’instaurer un volet de la loi Le Meur dans son prochain Plan Local d’Urbanisme (PLU) pour interdire la construction de toute nouvelle résidence secondaire sur son territoire. Elle devient la première commune corse, et la deuxième de France après Chamonix, à l’adopter. Tout récemment, la ville de Royan, en Charente-Maritime a elle aussi rejoint le mouvement.
« Tous les conseillers municipaux, quel que soit leur engagement politique, ont été d’accord pour qu’on mette en place cette servitude de résidence principale dans le PLU » précise l’édile
Entre 2006 et 2025, les zones permises à l’urbanisation et la construction sont passées de 1200 hectares à 400. Avec 320 hectares déjà artificialisés, il n’en reste que 80 à la commune, d’où l’importance de s’assurer qu’elles soient destinées au logement permanent. La loi Le Meur oblige les nouvelles demandes de construction à respecter ce critère, notamment à travers l’acte notarial.
« En cas de revente ou de location, cela ne sera possible qu’en résidence principale. Ensuite, on pourra louer en résidence principale également », indique Patrick Tafani, adjoint en charge de l’urbanisme, pour France3Régions. « Les gens ne sont pas dépossédés. Simplement, lorsqu’on voit que le tissu économique sur l’Extrême sud, et à Bonifacio en particulier, souffre par le manque d’employés parce que ces derniers n’arrivent pas à se loger, il fallait trouver une solution. »
Pour enrayer la crise du logement, d’autres mesures ont déjà été mises en place par la commune : une taxe sur les résidences secondaires, l’encadrement plus strict des locations AirBnb, du rachat de foncier dans la vieille ville pour y construire du logement social.
Par ailleurs, le prochain PLU va « multiplier par 4 le nombre de terrains agricoles », passant de 1200ha dédiés à l’agriculture à 5000 hectares. Enfin, le document d’urbanisme va aussi protéger les espaces proches du rivage et des espaces remarquables naturels.
Prochaines étapes de validation du PLU : l’enquête publique, puis son adoption définitive, attendue pour septembre. Un PLU étant valable 10 à 15 ans, la cité des falaises espère tirer un premier bilan positif de la fin des résidences secondaires d’ici 5 ans.
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