Pendant que les jeunes parents occidentaux isolés font des burnouts, les cétacés se serrent les nageoires pour s’occuper de leur progéniture. Du béluga au cachalot, de nombreuses espèces ont des systèmes de « crèches » et même de nourrices capables d’allaiter alors qu’elles n’ont pas eu de bébés.
L’océan est rempli de mystères et les quelques quatre-vingts espèces de cétacés qui le peuplent en font définitivement partie. Si beaucoup d’entre elles demeurent cryptiques pour de nombreux scientifiques, leur organisation sociétale a de quoi inspirer nos sociétés humaines ainsi que le révèle la cétologue Fabienne Delfour.
« Dans leur très grande majorité, les cétacés sont des animaux grégaires qui vivent au sein de sociétés dont l’organisation varie. Par exemple, les sociétés des orques et des cachalots sont dites « matriarcales ». C’est une femelle expérimentée, détentrice de savoirs et de comportements utiles à la survie de son clan, qui prend le commandement. Généralement, il s’agit d’une femelle âgée » explique-t-elle dans notre livre-journal ANIMAL.
Pour de nombreux petits dauphins, leur société est plutôt organisée sur un modèle « fusion-fission » avec des sous-groupes de plusieurs mâles et femelles. Mâle et femelle alternent au poste de direction du « pod » en fonction de la situation qu’ils affrontent.
Mais qu’il s’agisse d’organisation « fusion-fission » ou de société matriarcale, bien des cétacés ont mis en place un système de crèches et de nourrices pour s’occuper des petits. Les petits peuvent ainsi être surveillés par d’autres congénères lorsque les mamans partent chasser ou ont besoin de repos.
« Cette assistance n’est pas conditionnée à des liens de parenté. On parle alors de comportements « allo-maternels » (allo signifiant « autre ») » précise Fabienne Delfour dans notre livre-journal ANIMAL.
Chez les orques, les grands-mères assurent le rôle de gardiennes et participent à l’éducation de leurs petits-enfants. Le rôle de grand-mère a même une symbolique biologique pour l’espèce dont les femelles âgées sont ménopausées – un phénomène extrêmement rare dans le règne animal -, tout comme chez les narvals, les bélougas ou les globicéphales tropicaux.
Le plus surprenant, c’est qu’une femelle puisse déclencher l’allaitement, sans avoir eu elle-même de petit, si la mère d’un nourrisson n’est pas capable de le faire. Ce comportement a été observé chez certains grands dauphins, bélougas, globicéphales, marsouins, baleines franches et cachalots.
Une étude scientifique, conduite par l’équipe de chercheurs menée par le Dr François Sarano, ont observé comment trois nourrices allaitantes, et une babysitter ont ainsi contribué à la survie d’une vingtaine de petits pendant dix ans, et ce sans qu’elles n’aient elles-mêmes des enfants.
La dévotion des cétacés pour la progéniture d’autrui va même plus loin. Des adoptions entre différentes espèces de cétacés ont également été recensées. Leurs motivations sont encore inconnues.
« S’agit-il réellement d’adoption, ou a-t-on affaire à des « serial kidnappeuses » ? La question mérite d’être posée » tempère Fabienne Delfour.
Quoiqu’il en soit, l’adage dit qu’il faut tout un village pour éduquer un enfant. Les cétacés semblent l’avoir bien compris.
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