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La Métropole de Lyon va enlever 400 ha de béton pour limiter les inondations

« Sur l’ensemble de la métropole, on a déjà décrouté 20 ha. Cela demande beaucoup d’ingéniosité aux différents métiers (espaces verts, voiries) pour arriver à planter car selon la rue, le profil est différent. Il a fallu que les agents comprennent pourquoi il fallait le faire, s’approprient les différentes techniques, et que cette eau qui arrive n’est pas mauvaise pour les arbres »

Face à l’intensité du dérèglement climatique, précipitations et inondations font partie des événements météorologiques que nous subirons de plus en plus en France. Pour réparer le cycle de l’eau en milieu urbain, la Métropole de Lyon a commencé à enlever le béton au pied des arbres. Ravie des premiers résultats, la Métropole s’est fixée comme objectif de désimperméabiliser 400ha d’ici 2026.

Lyon : des arbres pour réparer le cycle de l’eau

La Métropole de Lyon, constituée de 59 communes, compte 1,3 million d’habitants sur 55 000 hectares. Avec autant de foyers, les fortes pluies entraînent un problème de saturation des stations d’épuration, qui rejettent alors de l’eau sale dans le Rhône. Surtout, des années de politique d’aménagement du territoire favorisant le tout-béton entraînent des inondations de plus en plus fortes dans un contexte de dérèglement climatique.

Pour favoriser la captation de l’eau dans le sol, la métropole a mis en place un grand programme de désimperméabilisation. Parmi les outils utilisés, un concept au nom poétique : « les arbres de pluie ». Il s’agit d’enlever le bitume au pied des arbres sur une zone d’environ 10m2 pour que l’eau de pluie s’infiltre mieux dans le sol.

« Un arbre de pluie est capable de récolter de l’eau sur 400m2. L’eau est aiguillée vers une fosse pour ne pas raviner le pied des arbres, qui est donc plus bas que le reste de la chaussée. Cela a si bien marché qu’on a décidé d’intégrer cette technique sur un système de fosse continue. En prime, connecter les arbres entre eux les rend beaucoup plus résistants grâce aux mycorhizes qui les relient dans le sol » explique Pierre Athanaze, vice-président de la Métropole de Lyon en charge de l’environnement, pour La Relève et La Peste

Les cinq premiers arbres de pluie ont été aménagés rue Vauban dans le Lyon 6e en novembre 2021. Le suivi de ces arbres montre que l’infiltration complète des pluies de la rue (660m2) est possible avec une surface perméable de 65 m2 pour des pluies de faible à moyenne intensité. Pendant l’hiver, les arbres ont infiltré 24mm par jour et pendant l’été jusqu’à 40 mm par jour, et 20 mm en 20 min.

Un arbre de pluie – Crédit : Métropole Grand Lyon / J.Sanabria

En 2023, la Métropole de Lyon a vu les choses en grand. Suite à trois ans de préparation, elle a planté 52 000 arbres, un chiffre record sur une année, supérieur aux trois dernières années réunies.

« Sur l’ensemble de la métropole, on a déjà décrouté 20 ha. Cela demande beaucoup d’ingéniosité aux différents métiers (espaces verts, voiries) pour arriver à planter car selon la rue, le profil est différent. Il a fallu que les agents comprennent pourquoi il fallait le faire, s’approprient les différentes techniques, et que cette eau qui arrive n’est pas mauvaise pour les arbres » précise Pierre Athanaze pour La Relève et La Peste

Mise en place d’une fosse continue – Crédit : Métropole Grand Lyon, Livret Technique « Les arbres de pluie »

Pendant des décennies, certaines villes mettaient des bordures autour des arbres pour empêcher l’eau considéré comme polluée d’aller à leurs pieds. Point de préoccupation majeure : le sel utilisé pour déneiger les routes en hiver. Des échanges avec Montréal leur ont montré qu’il n’était pas si nocif que ça selon les quantités appliquées. La métropole est suivie dans le cadre du programme européen « LIFE artisan » pour mesurer les résultats en termes de volume d’eau connectés, mais également de la viabilité des arbres et de la biodiversité qui revient.

« On mesure la tensiométrie (mesure de tension de l’eau du sol, ndlr), la température mais également le nombre d’espèces. On s’est d’abord intéressés aux espèces aériennes que sont les insectes pollinisateurs et les oiseaux. On va désormais recenser la faune du sol comme les vers de terre et les collemboles » détaille Pierre Athanaze pour La Relève et La Peste

En finir avec les îlots de chaleur

Cerise dans la canopée : les arbres libérés du béton poussent beaucoup plus vite avec des croissances de 15 à 30cm pour certains. Cela accroît d’autant plus rapidement la biodiversité tout en créant des îlots de fraîcheur bénéfiques à toutes les espèces humaines et non-humaines du territoire.

« Le système de fosse continue permet de rafraîchir nos quartiers car cela rapproche les arbres de hauteur différente, les grands arbustes et les couvres-sols. Dans les endroits végétalisés, on gagne 4,2°C de fraîcheur en moyenne et jusqu’à 7,4°C pendant les canicules ! » se réjouit Pierre Athanaze pour La Relève et La Peste

Avec sa position en sortie de la vallée du Rhône et l’absence de vents d’Est, Lyon est en effet l’une des villes qui se réchauffe le plus vite en France. Selon un rapport de L’European Data Journalism Network, publié en 2018, Lyon est la plus grande ville de France touchée par le réchauffement climatique. La température y aurait augmenté de plus de 4 degrés en moyenne selon la ville de Lyon. Au-delà de réparer le cycle de l’eau, la plantation d’arbres a donc des effets vertueux pour faire face aux canicules qui seront de plus en plus fréquentes.

Place Jules Guesde

Place Jules Guesde

« Nous avons repris 9 hectares de bitume grâce à la plantation de végétaux. Cela correspond à 13 terrains de football. Si nous voulons rendre la ville moins chaude en été, c’est toujours mieux que le soleil tape sur des arbres que sur du goudron » se félicite Grégory Doucet, maire de Lyon issu d’une coalition politique écologique et gauche

2024 verra moins d’arbres plantés dans la Métropole pour que les agents puissent se concentrer sur l’entretien et la viabilisation de tous ceux plantés en 2023. La suite s’organise désormais sur le temps long : la métropole de Lyon veut débitumer 400 hectares de son territoire d’ici à 2026, entre anciennes et nouvelles plantations.

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Laurie Debove

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