Autorités locales, scientifiques et ONG se mobilisent autour de programmes de suivi, pour comprendre les besoins des requins anges, afin renforcer les mesures de conservation.
Un refuge fragile pour une espèce en péril
Les requins anges, pouvant atteindre une taille de 2,4 mètres se distinguent par leur corps aplati et leur capacité à se camoufler sur les fonds marins. Autrefois communs tout le long des côtes françaises, ils sont aujourd’hui extrêmement rares dans l’ensemble de la Méditerranée.
En cause : la pollution marine, la surpêche, les captures accidentelles (interdites par la règlementation), la dégradation de leur habitat naturel due à l’activité humaine, l’urbanisation côtière et le tourisme de masse. Classés en danger critique d’extinction par l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN), ils font partie des 100 espèces animales les plus menacées du monde.
Selon les experts du Parc naturel marin du Cap Corse et de l’Agriate, la préservation de cette espèce est devenue une priorité. Aujourd’hui, les efforts de protection dans cette zone marine propice à leur survie leur fournissent un habitat relativement protégé, où ils peuvent encore être observés et parviennent à se reproduire. Malgré tout, ce refuge reste vulnérable face aux multiples menaces qui pèsent sur l’écosystème marin.
Des initiatives mises en place pour la préservation
Les autorités locales, en partenariat avec des scientifiques et des ONG, ont mis en place des programmes de suivi pour comprendre les besoins biologiques et comportementaux de ces requins afin de renforcer les mesures de conservation, vitales pour maintenir cette espèce en vie.
Parmi ces initiatives, l’installation de balises sur certains spécimens permet de recueillir des données essentielles sur leurs déplacements et leurs interactions avec l’environnement.
De plus, des efforts sont entrepris pour sensibiliser le public et les pêcheurs locaux, dans l’optique de réduire les captures accidentelles et de préserver les habitats marins critiques. Cependant, les écologistes soulignent que ces mesures ne seront efficaces que si elles sont soutenues par une législation stricte et une coopération internationale accrue.
La mission BioDivMed 2023, premier recensement de la biodiversité marine
C’est lors de la mission BioDivMed 2023, que l’ange de mer, difficilement détectable et considéré comme disparu de la Méditerranée, avait pu être repéré à plusieurs reprises. Initié par l’agence de l’eau Rhône Méditerranée Corse, l’unité mixte de recherche Marbec – université de Montpellier, les sociétés SPYGEN et Andromède Océanologie, les associations OceanoScientific et We Are Méditerranée, cette cartographie à fine échelle et de manière synchrone a pu être mené grâce à l’analyse de l’ADN environnemental (ADNe).
Les 700 capteurs dispatchés sur plus de 2000 mètres de zone côtière, y compris lagunes, les embouchures de fleuves et les ports, jusqu’au sanctuaire Pelagos entre la Corse et le continent, ont permis le prélèvement de traces ADN dans l’environnement.
Lors de la première des quatre phases, réalisée en 2023, 267 espèces de poissons ont été recensées. Des résultats sont encourageants puisque la mission BioDivMed a scientifiquement démontré que le littoral méditerranéen français est riche d’une incroyable biodiversité marine côtière en poissons et crustacés.