Dans le cadre du projet de loi d’orientation pour la souveraineté en matière agricole et le renouvellement des générations en agriculture qui sera débattue à partir du 13 mai à l’Assemblée nationale, un collectif défend une série d’amendements pour inscrire dans la loi le droit des agriculteurs à vivre en habitats réversibles sur leurs terres.
Face au départ à la retraite de la moitié des agriculteurs d’ici moins de 10 ans, couplé à la difficulté de transmettre leurs fermes gigantesques, un collectif a décidé de prendre les choses en main.
La Fédération de l’habitat réversible propose d’inscrire dans la Loi d’Orientation Agricole (LOA), débattue à l’Assemblée nationale à partir du 14 mai, un amendement visant à autoriser les « actifs agricoles » à construire sur leurs terres un logement de fonction, sous forme d’habitat réversible et sans artificialisation des sols.
« On constate que des milliers d’agriculteurs et d’agricultrices s’installent sur des micro-fermes pour nourrir les territoires en circuit-court. Ces agriculteurs vont s’installer sur leurs terres mais se retrouvent souvent menacés d’expulsions. On veut leur offrir la possibilité de s’installer en habitat réversible, de ne pas artificialiser les sols, de ne pas s’endetter et de pouvoir continuer des modèles respectueux de l’environnement et nourriciers. » explique un membre du collectif
En France, la promulgation de la loi Zéro Artificialisation Nette des sols d’ici 2030 sanctuarise de plus en plus les terres agricoles. Mais la course à l’agrandissement des fermes, lancée par un modèle agro-industriel désireux d’obtenir les subventions à l’hectare de la Politique Agricole Commune, rend maintenant impossible pour les futurs paysans l’installation sur leurs terres.
Nombre d’entre eux, motivés par des valeurs écologiques mais aussi parfois des contraintes économiques, se tournent vers l’habitat léger. Mais ils se retrouvent souvent poursuivis en justice par des municipalités sceptiques de la justesse de leurs intentions, comme cela a été le cas d’Adrien et Marine, couple de maraîchers en Vendée qui a obtenu le droit de vivre sur leurs terres après deux ans de lutte.
Ils font aujourd’hui partie du collectif défendant cet amendement dans la Loi d’Orientation Agricole pour soutenir celles et ceux qui n’ont pas eu leur chance, à l’image de Jean-Denis Lods, agriculteur dans le sud de la Drôme. Cela fait maintenant plus de deux ans qu’il se bat pour avoir le droit de vivre sur ses terres.
« J’en ai besoin pour faire mon travail et je n’ai pas les moyens aujourd’hui de vivre ailleurs. Avec plus de 9 tonnes de légumes produits en agroécologie et vendus dans un rayon de moins de 15km, je n’arrive pourtant pas à tirer un revenu supérieur à 500 euros par mois. Comment avec un tel revenu suis-je censé payer un loyer tout en garantissant des prix dignes à mes clients ? » explique le maraîcher drômois Jean-Denis Lods, qui vit illégalement dans une yourte sur son propre terrain
Afin d’en finir avec la précarité et la criminalisation de celles et ceux qui nous nourrissent, le collectif a donc lancé une campagne d’interpellation des députés et invite tous les citoyens à y participer afin de convaincre les élus de déposer puis voter ces amendements. La plateforme est ici. Un site a été créé pour aider les citoyens à interpeller leurs députés.