Les canicules frappent l’ensemble du globe, la planète s'enflamme, les inondations submergent l’Asie, le mois de juillet 2023 est le plus chaud jamais enregistré. Tout s’accélère !
« Le changement climatique est là. Il est terrifiant. Et c’est juste le début. L’ère du réchauffement climatique est terminée, place à l’ère de l’ébullition mondiale » a déclaré Antonio Guterres, secrétaire général des Nations Unies, jeudi 27 juillet.
L’hémisphère nord s’est transformé en étouffoir. Après trois semaines de canicule à travers la planète, juillet 2023 est d’ores et déjà le mois le plus chaud jamais enregistré, tous mois confondus. Malgré des données qui seront disponibles le 8 août prochain seulement, « à moins d’un mini âge de glace dans les prochains jours, juillet 2023 va exploser tous les records » s’est désolé Antonio Guterres.
Les températures dépasseront vraisemblablement de 0,2 degré le précédent record de juillet 2019. Partout, les thermomètres ont affiché des chiffres alarmants. 52,2 °C dans le village de Sanbao en Chine le 16 juillet, 53,3 °C dans la Vallée de la Mort, en Californie, le même jour.
Les zones méditerranéennes sont particulièrement touchées. En Espagne, le mercure a atteint les 47 degrés, proche du record absolu dans le pays de 47,6 °C. Les températures sont montées à 44 °C à Athènes, à 48,2 °C à Jerzu (Sardaigne), 47,8 °C à Syracuse (Sicile), 48,7 °C à Alger, ou encore 49 °C à Tunis.
Non seulement le record officiel de température la plus élevée sur la planète pourrait être battu aujourd'hui dans la vallée de la mort, mais le record de #chaleur national chinois vient d'être battu avec 52,2°C à #Sanbao ! @yangyubin1998 pic.twitter.com/0BkowS11So
— Guillaume Séchet (@Meteovilles) July 16, 2023
Des incendies « apocalyptiques »
Les incendies se multiplient autour du bassin méditerranéen. Les îles de Rhodes et de Corfou ont été évacuées par les autorités grecques. Quatre personnes sont mortes dans les incendies, dont deux pilotes dans le crash de leur canadair.
Les villes de Volos et Lamia, situées au nord d’Athènes, sur le continent, sont à leur tour menacées. Leurs périphéries ont été évacuées dans la journée du 27 juillet.
En Sicile, des centaines d’hectares sont partis en fumée. Depuis dimanche dernier, on dénombre près de 1 400 départs de feu en Italie, dont 650 sur l’île. La région de Palerme est décrite comme « apocalyptique ». Lundi et mardi, la température a atteint les 47°C . Le sirocco, un vent saharien très chaud, sec et violent a attisé les flammes. Un couple de personnes âgées a été retrouvé mort dans sa maison. Les incendies ont provoqué au total 5 décès dans l’ensemble du pays.
Le bilan le plus lourd est enregistré en Algérie. Dans la nuit du 23 au 24 juillet, de puissants incendies se sont déclarés dans le nord-est du pays. 35 personnes y ont trouvé la mort. Des vagues caniculaires frappent le pays depuis plusieurs années en été. Celles-ci avaient fait 37 morts en août 2022, et plus d’une centaine en 2021.
Les fortes températures exposent les organismes à des risques cardiovasculaires et des difficultés respiratoires. L’été 2022, ce cocktail avait causé la mort prématurée de 62 000 personnes en Europe.
La région méditerranéenne fait partie des zones les plus touchées par le réchauffement climatique. C’est un « hotspot », un territoire qui se réchauffe plus vite que la moyenne mondiale. Les zones chaudes et désertiques autrefois cantonnées au Sahara s’installent peu à peu dans tout le pourtour méditerranéen, ce qui assèche les écosystèmes et favorise les départs de feu.
Selon le MedECC (Mediterranean Experts on Climate and Environmental Change), le pire est à venir. La température dans la région devrait augmenter de 3,8 à 6,5 °C d’ici à 2100. Une multitude de terres deviendront définitivement désertiques, les épisodes extrêmes, caniculaires, les incendies, les sécheresses extrêmes et l’arrivée d’espèces invasives se multiplieront selon le groupe d’experts scientifiques.
Le Canada connaît également le pire épisode de feu de son histoire. Le pays a vu partir en fumée près de 11,6 millions d’hectares de zones forestières. Deux pompiers sont morts.
L'ARC MÉDITERRANÉEN EN FEU : L'URGENCE D'UNE ACTION FACE AU RÉCHAUFFEMENT CLIMATIQUE
Cette Une de @libe est presque apocalyptique : l'arc Méditerranéen est littéralement en feu. En 3 jours, au moins 40 personnes en sont mortes. Dont 34 uniquement en Algérie. pic.twitter.com/zyEB6yHjUb
— QuotaClimat (@QuotaClimat) July 27, 2023
Augmentation des canicules marines
Selon l’Institut des sciences de la mer (ICM) de Barcelone, les eaux de la Méditerranée ont atteint lundi 24 juillet leurs plus hautes températures connues : 28,71°C . Sur la pointe sud de la Floride, elles ont été enregistrées à 32°C , un pic de 38 °C a même été capté au large de Miami.
En juin, la National Oceanic and Atmospheric Administration (NOAA) classait les zones au nord de l’Irlande et à l’Ouest du Royaume-Uni en « catégorie 5 », soit au-delà de l’extrême pour les canicules marines.
Selon le rapport du Giec de 2019, ces phénomènes devaient se multiplier d’un facteur de 20 à 50 d’ici 2100. La coexistence de canicules marines deux étés de suite en Méditerranée, en 2022 et 2023, interrogent.
« Nous parlions bien d’un horizon « fin de siècle ». Il faudra suivre la situation les étés prochains, mais on a peut-être sous-estimé la vitesse de ce changement en Méditerranée » a affirmé l’océanographe Jean-Pierre Gattuso pour 20 minutes.
Régulateurs du climat, les mers et océans, qui connaissent un réchauffement intensif de leurs eaux, inquiètent les scientifiques. Ils absorbent 90% de l’excès de chaleur émis par les activités humaines. Ressources régulatrices les plus précieuses, les coraux blanchissent et meurent sous l’effet de la chaleur.
Des phénomènes « extrêmes» partout sur la planète
Tout comme la Méditerranée, l’Asie se réchauffe plus rapidement que la moyenne mondiale. En 2022, le continent a été frappé par 81 catastrophes naturelles. Au total, 83% d’entre elles étaient des inondations et des tempêtes. De violentes tempêtes de poussière ont également dévasté certaines zones. Ces phénomènes ont causé la mort d’environ 5 000 personnes.
En Corée du Sud, des pluies diluviennes ont provoqué des inondations, des glissements de terrain et le débordement d’un barrage causant la mort d’une quarantaine de personnes entre le 12 et le 16 juillet 2023.
Depuis le début de l’année, la Chine est également en proie à une augmentation de l’intensité des pluies. Les précipitations dans le pays sont les plus fortes enregistrées depuis dix ans. Dans le centre de la Chine, connu pour être le grenier du pays, les champs de blé ont été ravagés par les intempéries.
Les vagues de chaleur actuelles qui traversent le continent vont connaître une croissance importante dans les prochaines décennies. D’après le dernier rapport du Giec, d’ici 2100, l’Asie connaîtra 150 jours de « températures mortelles » par an.
En avril, la Thaïlande a connu une canicule qui a fait monter le thermomètre à 45°C degrés. Idem en mai pour le Vietnam, qui a subi un pic à 44°C. L’Inde a également enregistré des chaleurs extrêmes tout au long du mois de juin. 170 personnes en sont décédées.
Sans oublier le Pakistan qui, l’été dernier, a vu 86 600 kilomètres carrés de terres, soit 10% de sa superficie, submergée par les eaux. Cette catastrophe naturelle a causé la mort de 1 300 personnes.
L’Asie est en proie à des défis immenses pour s’adapter au changement climatique et à la multiplication des événements extrêmes sur le continent.
Une situation identique en France. Selon le Haut Conseil pour le Climat, la France « n’est pas prête » face au changement climatique. Les capacités du pays à répondre aux aléas météorologiques ont été dépassées en 2022. « Nous ne sommes pas prêt […] à protéger les français ».
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