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44 ans d’interdiction de la chasse dans le canton de Genève : les bienfaits d’une politique radicale

Canards et perdrix, lièvres et lapins, cerfs et sangliers, les éthologues ont recensé une augmentation des individus de toutes les espèces, au point qu’il n’est plus rare de voir de grands oiseaux survoler les espaces urbains ou de rencontrer des animaux sauvages lors de promenades à la périphérie des villes, près des lacs, voire au milieu des habitations.

Des associations suisses pour la protection des animaux déposent à la Chancellerie fédérale une pétition contre la révision de la « loi sur la chasse », qui mettrait de nouveau en péril certaines espèces menacées. Ce combat est l’occasion pour nous de vous parler du canton de Genève, qui a interdit totalement la chasse depuis maintenant 46 ans. Et tout le monde s’en porte bien !

Dans le canton de Genève, à l’extrême sud-ouest de la Suisse, la chasse est complètement interdite depuis 1974, ce qui fait de ce tout petit État fédéral l’un des précurseurs en la matière. À l’époque, après des années de polémiques causées par la promiscuité de populations urbaines et rurales, de tentatives avortées de délimiter les territoires de chasse et de compromis infructueux entre les associations, les citoyens et les chasseurs (comme le « dimanche sans chasse »), le canton recourut à l’organisation d’un plébiscite qui, s’il fut peu suivi (par 22% de la population majeure), montra qu’environ 70 % des votes étaient favorables à l’interdiction. Le cap a alors été franchi.

Crédit photo : Juan Davila

Aujourd’hui, la plupart des habitants du canton se déclarent satisfaits et ne souhaiteraient pas réintroduire la chasse. C’est sûrement ce qui surprend le plus, car en ce qui concerne la faune, on s’en doute, la situation n’a pas cessé depuis lors de s’améliorer.

Canards et perdrix, lièvres et lapins, cerfs et sangliers, les éthologues ont recensé une augmentation des individus de toutes les espèces, au point qu’il n’est plus rare de voir de grands oiseaux survoler les espaces urbains ou de rencontrer des animaux sauvages lors de promenades à la périphérie des villes, près des lacs, voire au milieu des habitations.  

Bien entendu, ce système n’est pas parfait et il ne pourra jamais l’être, puisque l’établissement de l’homme dans un territoire rentre toujours en contradiction avec les espèces qui y habitent. Parmi les épreuves auxquelles Genève a dû faire face, on compte d’abord les dégradations matérielles, notamment sur les vignes, dues à la grande faune, ensuite la nécessité de réguler partiellement et ponctuellement les espèces, à cause de l’absence de prédateurs naturels.

Crédit photo : John Royle

Pour ce faire, le canton a confié à des « gardes de l’environnement » professionnels la gestion de la faune, aussi bien au niveau de la régulation des animaux que de l’indemnisation des propriétaires. Procédant de nuit pour éviter de déranger les habitants, ces gardes sont parfois contraints, suivant les années, d’ôter quelques individus aux espèces qui prolifèrent, preuve d’ailleurs que la nature se porte bien quand on la laisse en paix. 

Le coût de toute cette organisation s’élèverait à un million annuel de francs suisses, une dépense mineure dans un budget cantonal de huit milliards de francs. Mais ce n’est pas l’argent qui pose problème. Non, pour nous autres Français, la limite principale du modèle genevois, c’est qu’il ne semble pas vraiment exportable : d’une superficie totale de 282 km2, très densément peuplé, composé de lacs, d’étangs et de forêts proches des villes, ce petit canton suisse a comme qui dirait tiré profit de sa modestie.

Mais qu’en serait-il dans un État comme la France, où les espaces naturels et boisés sont bien plus spacieux, où la chasse représente une économie de deux milliards et demi d’euros par an, pourvoyant quelque vingt cinq mille emplois ? Et puis, comment pourrions-nous obtenir une progression, voire un référendum sur une question si sulfureuse, dans un pays où le lobby de la chasse est aussi puissant ? La question reste en suspens et les différentes parties en jeu n’ont pas fini de camper sur leurs positions.

Augustin Langlade

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