Deux ans après l’expulsion de la ZAD, c’est une bonne nouvelle qui est parvenue aux citoyens engagés dans le collectif Stop Carnet. Le Grand Port maritime Nantes-Saint-Nazaire a annoncé l’abandon du projet de parc « éco-technologique » qui devait détruire 110 hectares, dont 51ha de zones humides. « Une preuve que la lutte paie » pour les défenseurs de ce couloir migratoire crucial pour les oiseaux.
Des rumeurs couraient et le directeur du Port, Olivier Trétout, l’a confirmé par voie de presse : le « parc éco-technologique » qui devait être construit au Carnet, en Loire-Atlantique, est abonné. Si le terrain reste bien sous la propriété du port, il n’y a à l’heure actuelle « pas d’échéance et pas de projet » a-t-il précisé au quotidien Presse Océan.
« Le grand port maritime a déjà mobilisé un budget conséquent suite à la mobilisation du Carnet, et il a également un changement de politique expansionniste. Le Grand Port préfère maintenant utiliser les friches industrielles en Nord Loire. On a gagné la première manche mais on reste vigilants car le Carnet reste une réserve foncière » explique Gabriella, membre du collectif Stop Carnet, pour La Relève et La Peste
Dans l’estuaire de la Loire, le Carnet est une zone de 400ha abritant plus d’une centaine d’espèces animales et végétales protégées. Pendant six mois, de août 2020 à mars 2021, une ZAD avait tenu bon pour arrêter les travaux et protéger cette aire naturelle, avant d’être violemment expulsée par une véritable armada comprenant plus de 400 gendarmes.
« Le rapport de force radical qu’on a engagé rapidement a permis de préserver le Carnet. Avec les travaux annoncés, on a très vite décidé de convaincre à grande échelle sur les réseaux sociaux. La ZAD a été la manifestation de ce rapport de force, en très peu de temps on a réussi à les empêcher d’intervenir. La lutte paie » raconte Yoann Meurice, l’un des fers de lance de la lutte et présenté dans notre livre-journal « Générations », pour La Relève et La Peste
Près de 2 ans après l’expulsion de la ZAD et plusieurs années de répression des militant.e.s en lutte contre le projet, cette nouvelle est un véritable répit pour la zone naturelle du Carnet et les espèces qui y vivent. Le lieu n’a cependant pour l’instant pas encore retrouvé son calme.
« L’expulsion de la ZAD par les gendarmes qui avaient mis des énormes blocs de pierre pour empêcher que les zadistes reviennent avait gravement endommagée la zone. Les vigiles du Grand Port ont fait des rondes en voiture ensuite, de jour comme de nuit, ce qui a fait de gros dégâts sur les populations d’amphibiens là où les zadistes se déplaçaient en vélo… Aujourd’hui, les vigiles sont partis mais les milieux ont été ouverts par des chasseurs qui ont ouvert le feu sur les sangliers et les ongulés. La zone du Carnet est devenue une terre de chasse au mépris de la loi car il y a 52ha de zones humides » détaille Gabriella, membre du collectif Stop Carnet, pour La Relève et La Peste
Face aux injonctions du Conseil National de Protection de la Nature, le Grand Port a lancé un inventaire faune-flore pour recenser les espèces. Cet inventaire sera crucial pour déterminer le futur de la zone.
Aujourd’hui, le collectif Stop Carnet milite pour que le bras du Migron, un bras majeur de La Loire, qui avait été bitumé soit réhabilité conformément aux directives de l’Europe ; mais aussi pour que la zone devienne une réserve de vie sauvage où les activités humaines sont limitées.