Afin de lutter contre l’eau en bouteille en plastique, l’ONG No Plastic In my Sea a lancé une pétition pour que les points d’eau libres d’accès et gratuits qui ont été prévus par la loi Anti-gaspillage pour une économie circulaire (AGEC) en vigueur en janvier 2022 soient enfin mis en place. D’après le Ministère de la transition écologique, près de 30 000 points d’eau devraient ainsi être ouverts.
Les bouteilles en plastiques sont un fléau majeur, et représentent le premier plastique trouvé sur les plages en Europe. 15 milliards de bouteilles plastiques sont toujours vendues en France tous les ans.
Fabriquée à partir de pétrole, la bouteille en plastique est aussi émettrice de gaz à effet de serre sur tout son cycle de vie.
Les bouteilles d’eau vendues contiennent également du microplastique. D’après une étude publiée en mars 2018, sur 250 bouteilles d’eau de grandes marques à travers neuf pays, 93 % des échantillons contenaient du plastique. Les quantités découvertes étaient deux fois supérieures à celles présentes dans l’eau du robinet.
Pour les auteurs de la pétition, le coût de l’eau est par ailleurs prohibitif dans les lieux accueillant du public et inadmissible, puisque l’accès gratuit à l’eau potable est obligatoire.
Par exemple, en gare, le prix moyen est de 2 à 2 euros 50 pour une bouteille d’eau de 50 cl, ce qui correspond à plus de 8 euros pour une famille de 4 personnes.
Face à ces constatations alarmantes, la loi AGEC a été mise en place avec un objectif de zéro plastique à utilisation unique d’ici à 2040 et une réduction de 50 % des bouteilles en plastique en 2030.
Selon la loi, les établissements recevant du public et accueillant plus de 300 personnes sont soumis à l’obligation de mettre à disposition au moins un point d’eau potable, dès lors qu’ils sont raccordés au réseau. Cela concerne majoritairement les aéroports, les gares, les centres commerciaux, les musées ou encore les grosses stations services.
Pourtant, d’après Muriel Papin, présidente de No Plastic in My Sea, quasiment aucun des points d’eau n’a été mis en place. Elle pointe la facilité de l’installation de tels points auprès du quotidien 20 Minutes : « Ces points d’eau ne nécessitent pas toujours d’être sophistiqués. Ça peut être un robinet, du moment qu’il est signalé, accessible sans devoir payer, et que l’eau est tempérée. »
Pour la présidente, la loi AGEC est dense et méconnue, et il peut ainsi être difficile de transmettre l’information sur le sujet.
Cependant, « ce n’est pas une excuse et ça n’explique pas tout. Il y a aussi beaucoup d’attentisme, sans doute même des réticences, chez certains. Des bouteilles plastiques restent proposées à la vente dans l’enceinte de nombreux ERP, et certains ne veulent pas se froisser avec les prestataires à qui ils ont cédé de l’espace en installant des fontaines. Enfin, il y a une grande complaisance de l’Etat qui n’a, à notre connaissance, fait aucun contrôle à ce jour. »
Selon Muriel Papin, « un Français sur deux a aujourd’hui une gourde, et un sur trois l’emporte régulièrement dans ses déplacements. Offrir la possibilité de la remplir facilement vise tout simplement à améliorer ces pourcentages ».
Avec le slogan « Respectez la loi, ouvrez des points d’eau », l’ONG demande l’ouverture de ces points d’ici l’été 2023, afin que chacun puisse s’hydrater facilement, sans avoir à transporter une bouteille plastique.