Le 28 juillet 2023, une nouvelle étude a été publiée par l’agence fédérale des États-Unis Centres pour le contrôle et la prévention des maladies. Elle démontre que le nombre de cas suspectés d’allergie à la viande a augmenté considérablement aux Etats-Unis depuis 2010. Originellement présente dans le Sud-Est, il est probable qu’elle devienne plus fréquente dans les régions du Nord et de l’Ouest, où les températures sont en augmentation.
Selon des informations relayées par National Geographic, le syndrome alpha-gal, ou allergie à la viande liée à l’alpha-gal, survient lorsqu’une tique de la famille des Ixodidae, plus spécifiquement Amblyomma americanum aux Etats-Unis et plutôt Ixodes Ricinus en Europe, mord son hôte et, si elle transporte la molécule de sucre alpha-gal, reprogramme son système immunitaire. Le corps, désormais programmé pour la combattre, produit dès lors des anticorps contre la molécule alpha-gal. La majorité des personnes se faisant mordre réalisent leur maladie après avoir consommé de la viande rouge (qui en contient en grande quantité).
La consommation peut dès lors provoquer une réaction allergique grave. La maladie est rarement, mais potentiellement mortelle à cause du risque d’un choc anaphylactique (une réaction allergique grave), ou d’une grosse chute de tension. La molécule de sucre est également présente dans les médicaments qui utilisent de la gélatine comme stabilisateur.
Cosby Stone, spécialiste en allergie et immunologie à l’Université de Vanderbilt, aux Etats-Unis, explique : « Il y a un laps de temps avant réaction. Elle [la molécule alpha-gal] doit d’abord traverser le tube digestif avant d’être relâchée. Plusieurs heures plus tard, les patients se réveillent avec de l’urticaire, des difficultés respiratoires, des vomissements et des diarrhées. »
S’il existe des traitements pour les effets secondaires de l’allergie, il n’y a pour le moment pas de remède. Selon l’étude, le nombre d’individus qui obtiennent des résultats positifs aux tests sur le syndrome alpha-gal a augmenté ces cinq dernières années. En 2017, 13 371 américains obtenaient des résultats de tests positifs, contre 18 885 en 2021.
En France, en 2017, selon le Réseau d’allergo-vigilance, il s’agissait de 3,4 % des allergies anaphylactiques d’origine alimentaire. Dans 64 % des cas, la viande consommée était un abat. Pour Coby Stone, il est possible que cette hausse des cas soit liée à la montée des allergies, sur un plan global. Selon les études, les allergies liés aux composants à base de plantes tels que le pollen sont en hausse à cause de la montée des températures.
Il est également possible que les avancements sur le plan de l’hygiène aient affaibli la résistance de nos systèmes immunitaires face aux allergies. Quoi qu’il en soit, les humains rencontrent des tiques plus fréquemment dans les zones avec de hautes températures. Coby Stone recommande, comme pour éviter la morsure de toute autre tique, d’utiliser un répulsif anti-moustique, de pré-traiter les vêtements portés, d’éviter les herbes hautes et les arbustes.
Consommer de la viande, et notamment des abats, constitue également une source de risque. Une évidence qui coïncide avec la nécessité actuelle de réduire drastiquement notre dépendance à la viande. Selon une étude publiée dans Nature en 2018 par les scientifiques d’Oxford, les pays occidentaux doivent réduire leur consommation de bœuf de 90 % pour nourrir les 10 milliards d’humains que nous serons en 2050.