La nuit du vendredi 23 au samedi 24 septembre, les militants d’Extinction Rebellion Annecy se sont installés sur le site de la Clusaz afin que le préfet retire un projet de retenue collinaire d’une largeur de 148 000 m3, l’équivalent de 5 terrains de foot. Ils appellent à un soutien massif. Le projet a été décrié par la Mission Régionale d’autorité environnementale et par de nombreux experts indépendants pour la destruction imminente qu’il représente pour le bois de la Colombière, la tourbière, ainsi que la faune et la flore des lieux.
« On va rester nuit et jour, se relayer jusqu’à ce que le préfet retire le projet », a expliqué une militante d’Extinction Rebellion sur place pour France 3 Régions.
Une dizaine d’activistes sont arrivés au bois de la Colombière dans la nuit de vendredi à samedi et ont construit des plateformes pour, en leurs termes, « y vivre ». Des abris ont été mis en place dans les arbres du bois afin d’occuper le site nuit et jour. Les militants ne trouvent pas normal que les travaux puissent débuter alors que plusieurs recours ont été déposés par des associations, s’opposant à l’avis du préfet. Ils revendiquent :
«l’organisation d’une réflexion collective citoyenne sur la gestion de l’eau, de l’énergie, du sol et des espaces sur le massif des Aravis avec une réelle prise en compte de la crise écologique en cours. »
Dans leur communiqué de presse, les militants demandent également l’abandon du projet de retenue de la Clusaz, la mise en place immédiate d’un moratoire sur les opérations foncières qui ne concernent pas l’habitat principal, et la mise en place de décisions démocratiques adaptés à la complexité de ces questions et de leur contexte.
Le samedi 24, deux voitures de police sont venues constater l’occupation des lieux. Dimanche, les militants d’Extinction Rébellion ont été rejoints par d’autres associations de sauvegarde du plateau du Beauregard. Un événement de discussions autour du projet a été organisé le jour-même, pour inviter les citoyens à échanger avec eux sur le sujet.
L’occupation a commencé en réponse à l’arrêté publié le 19 septembre dernier par le préfet de la Haute-Savoie, qui déclarait d’utilité publique le projet d’aménagement de la retenue collinaire de la Colombière, sur le plateau de Beauregard.
D’après le collectif, il n’a pas été possible de communiquer avec la mairie sur le sujet, qui jusqu’ici instrumentalise la sécheresse et la peur du manque d’eau potable et présente le projet comme une solution à ces problèmes.
Mais cette retenue participerait précisément au problème, puisqu’elle confisquerait l’eau, la rendant disponible à l’enneigement artificiel et au tourisme de luxe.
Une conseillère municipale du précédent mandat, restée anonyme, révélait par ailleurs auprès de La Relève et La Peste en novembre 2021 que le projet avait été présenté avec un volet eau potable dans le but d’être retenu par les services de l’Etat, mais que rien n’avait été prévu pour la traiter. L’eau potable serait donc avant tout un alibi pour justifier l’utilité publique du projet.
Selon le communiqué de presse, les militants sont présents sur place pour dénoncer l’absurde et le déni démocratique :
« Nous sommes ici pour que l’importance de la crise climatique à laquelle nous faisons face cesse d’être niée et pour que l’enrichissement de quelques-uns ne puisse plus prévaloir sur l’intérêt collectif. »
Ils concluent : « Nous méritons mieux que ce cynisme destructeur. Il y a d’autres possibles, mais ils demandent du travail, du dialogue, de l’inventivité. Surtout, et comme préalable, ils demandent l’arrêt immédiat des projets écocides, énergivores et court-termistes comme celui-ci. »