Mercredi 1er juin 2022, suite à une plainte à laquelle s’est associée France Nature Environnement, MTP, une entreprise de travaux publics et privés spécialisée dans la voirie, a été condamnée par le tribunal correctionnel de Montpellier. L’entreprise est accusée d’avoir déposé pendant plusieurs années des déchets dans un complexe lagunaire protégé de 292 hectares, important pour ses zones humides.
En 2016, la Fédération France Nature Environnement du Languedoc-Roussillon alerte sur l’existence de cette décharge sauvage.
Le tribunal correctionnel de Montpellier a ainsi condamné l’entreprise MTP à 20 000 euros d’amende. Son gérant quant à lui devra verser 8000 euros d’amende, dont 3000 avec sursis. Notablement, l’entreprise est dans l’obligation de remettre le site en état, dans un délai de six mois, et même si elle fait appel.
Olivier Gourbinot, juriste de France Nature Environnement Languedoc-Roussillon, a estimé pour France3 Régions que cette contrainte est la plus importante :
« Si dans 6 mois, rien n’a été fait pour nettoyer le site, l’entreprise s’expose à une amende de 150 euros par jour de retard et cela, c’est un important moyen de pression ! »
Depuis plusieurs années, des déchets de tous genres étaient déposés ou enfouis sur place : des vieux pneus, des épaves de voiture, des bidons d’huile, des étendoirs, des poubelles et divers plastiques. D’après Olivier Gourbinot, les dépôts ont lieu depuis trente ans.
La décharge sauvage est située dans le secteur des Salines de Villeneuve, un complexe lagunaire de 292 hectares protégé, classé espace remarquable du littoral. L’emplacement est destiné à devenir une zone phare en ce qui concerne la gestion des zones humides, de la qualité de l’eau et de la conservation de la biodiversité.
Le site est intégré au réseau Natura 2000 des étangs palavasiens, et reconnu d’importance internationale, à la fois pour ses zones humides et sa biodiversité exceptionnelle, comportant de nombreuses espèces d’oiseaux.Didier Martin, le gérant de la société, a réfuté les accusations et compte faire appel. Il affirme ne pas être à l’origine des déchets auprès de FranceBleu :
« Les déchets que je dépose, je les mets dans des bennes. Sur mes chantiers, on trie le plastique, le carton, la ferraille, les gravats inertes. Tout cela est mis en déchetterie contrôlée. »
Il prend malgré tout acte de la condamnation et assume le nettoyage du site, dont il est locataire : « On m’a expliqué que c’était un site protégé remarquable, donc j’assume. Si je dois partir, je m’en vais. Je vais pas me battre. C’est comme ça, les lois changent, et on s’adapte. »
Crédit photo couv : la décharge incriminée – France Nature Environnement Languedoc-Roussillon