Frites, chips, biscuits, sauces, plats préparés, nuggets, poissons panés, l’huile de tournesol entre dans la composition de nombreux produits issus de l’industrie agro-alimentaire. Les deux tiers des importations françaises d’huile de tournesol proviennent d’Ukraine. La Russie et l’Ukraine sont les deux premiers producteurs mondiaux et représentent 78 % des exportations mondiales de cette huile. Avec l’arrêt de l’approvisionnement venant d’Ukraine et les sanctions contre la Russie, la pénurie pointe le bout de son nez. Non sans danger pour les consommateurs, explications.
Certains fabricants et restaurateurs sont déjà au bord de la rupture, ils puisent dans leurs stocks. Les entreprises de l’agroalimentaire se tournent vers des substituts comme l’huile de colza ou l’huile de palme. Produits écocidaires et dangereux pour la santé, l’huile de palme étant extrêmement riche en acides gras saturés ayant un impact négatif sur le système cardiovasculaire, à grande dose.
L’Ukraine était un des premiers fournisseurs français de graines et de tourteaux de tournesol non OGM, indispensable aux élevages bovins, de porcs, de volailles et de poissons. Faute de disponibilité, les éleveurs seront sans doute contraints de se tourner vers le marché sud américain qui propose des tourteaux de soja OGM. Cela leur posera un problème de taille puisqu’une multitude d’appellations (le bio, label rouge, AOP etc) exigent une alimentation non OGM des élevages.
Pour contrecarrer ces problèmes qui affluent, les géants de l’agroalimentaire demandent des dérogations à la Direction générale de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes (DGCCRF), pour ne pas changer leurs étiquettes.
Selon la loi, elles doivent obligatoirement informer les consommateurs des changements de recettes. Les entreprises parlent de casse-tête administratif, de laps de temps trop court pour changer les étiquettes et d’un marché du papier et de l’étiquetage actuellement sous tension à l’échelle européenne.
Le non changement d’étiquettes pose deux problèmes : la loyauté de l’information sur le produit et la mention du risque allergène.
Les entreprises n’ont pour le moment pas obtenu gain de cause quant aux possibles dérogations. Mais la pénurie s’intensifie. Plusieurs propositions sont sur la table. La DGCCRF privilégie la création d’un site internet où seraient répertoriés tous les produits dont la recette aurait changé. Malheureusement, ce site ne permettra pas d’obtenir les informations en magasin lors des achats.
L’UFC Que-Choisir demande donc à la DGCCRF de mettre en place des « panneaux d’affichage bien visibles dans les rayons concernés, indiquant les modifications de recettes et leurs conséquences sur les produits. »
Ces panneaux d’affichages permettraient aux consommateurs de connaître les nouveaux risques allergènes suite aux changements de recette des produits. La DGCCRF se penche également sur la possibilité de coller des stickers alertant sur les nouveaux risques allergènes sur les produits concernés.
Selon l’UFC Que Choisir, il s’agit principalement de « biscuits, gâteaux, chocolats et autres produits dans lesquels de la lécithine de soja aura remplacé de la lécithine de tournesol. »
Bien qu’elle juge le « caractère exceptionnel de la situation » comme « compréhensible », l’ONG foodwatch s’inquiète du « risque que la crise serve d’alibi à des reformulations en catimini ». Elle a donc lancé une pétition en ligne pour exiger une « totale transparence de la part des fabricants et de la grande distribution. » Pétition qui réunit plus de 16 000 signatures.
« Pas de dérogations sur notre droit à l’information ! » conclut foodwatch