En 2020, une initiative citoyenne européenne, « Stop Finning – Stop the trade », ou « Stop à la pêche aux ailerons – Stop au commerce », a été lancée pour mettre fin au massacre des requins et au commerce de leurs ailerons. Elle vient juste d’atteindre le million de signatures requises pour que la demande des citoyens européens soit examinée par la Commission européenne, afin qu’un amendement soit proposé. Un premier pas vers la fin d’une hécatombe ?
L’Union européenne figure parmi les plus grands exportateurs d’ailerons et constitue une zone de transit importante dans leur commerce mondial. Seules douze espèces de requins y sont protégées de la pêche aux ailerons.
De plus, lors du transport des ailerons, même les experts ont des difficultés à reconnaître les espèces d’origine. Les ailerons changent de couleur pendant le processus de séchage, et sont vendus en lots venant d’individus d’âges différents, y compris des jeunes qui ne possèdent pas encore de marques caractéristiques de leur espèce.
La seule procédure fiable pour détecter les commerces illégaux est une analyse moléculaire de l’ADN. Cette dernière est ensuite comparée à une banque de référence qui permet dans la majeure partie des cas d’identifier le genre et l’espèce de l’aileron.
Cette méthode a ainsi permis de révéler la présence de nombreuses espèces de requins et de raies classées comme étant menacées sur le marché international. Bien qu’utile pour les études scientifiques, ce dépistage nécessite une main-d’œuvre intensive et reste coûteux.
La découpe d’ailerons, ou « finning » en anglais, consiste à remonter les requins pêchés sur le bateau, découper toutes leurs nageoires, pour ensuite les jeter à nouveau dans la mer. Bien que pleinement conscients, les requins, ne pouvant plus nager, sombrent dans les profondeurs et meurent ainsi au fond de l’eau.
Les pêcheurs ne conservent pas leurs corps afin de garder de l’espace sur le bateau et permettre un stockage plus grand d’ailerons. Ainsi, le finning ne prend pas en compte l’espèce, la taille ou l’âge du requin.
Et cette technique non-sélective met les espèces en danger : selon une étude de 2013, entre 63 et 273 millions d’entre eux seraient tués en mer chaque année. Chaque minute, ce sont ainsi des centaines de requins qui sont tués pour faire de la soupe, plat selon lequel leurs ailerons sont principalement consommés. En Asie, ces soupes se vendent une centaine d’euros le bol.
Le rôle des requins, en tant que prédateurs au plus haut de la chaîne alimentaire, est capitale dans le bon fonctionnement du système trophique. Ils éliminent la surpopulation d’espèces intermédiaires ainsi que les espèces malades, et permettent ainsi d’éviter la dominance d’une algue et le déséquilibre des écosystèmes marins.
Grâce à une mobilisation citoyenne très vive avant la clôture de la pétition, le 31 janvier 2022, le collectif d’associations mobilisées sur le sujet (dont Sea Shepherd, C’est assez ! ou la Fondation 30 millions d’amis) a réussi à recueillir le million de signatures qui va mener la pétition devant la Commission Européenne.
Pour préserver les requins, les associations réclament la fin immédiate « du commerce d’ailerons de requins dans l’Union européenne, y compris l’importation, l’exportation et le transit des nageoires qui ne sont pas naturellement attachées au corps de l’animal », et le durcissement de la réglementation qui les protège
Forte de cette première étape cruciale franchie, les associations restent mobilisées. Si la pétition atteint 1,15 million de signataires, cela assurera une prise d’action de la part de la Commission européenne. La pétition se clôt le 31 janvier 2022.
Crédit photo couv : Seyllou / AFP
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