L’entreprise californienne Uber vient d’annoncer qu’elle proposera des trajets en hélicoptère directement réservables sur son application dès le début de l’année 2026. Derrière cette communication futuriste, qui remet en cause la promesse d’une mobilité « pour tous », se profilent des enjeux écologiques, sociaux et urbains.
Des hélicoptères Uber
En s’appuyant sur Blade, une compagnie déjà active dans le transport aérien urbain, et sur son partenaire Joby Aviation spécialisé dans les taxis aériens électriques, Uber promet un gain de temps spectaculaire pour relier les aéroports ou certaines destinations prisées.
Les trajets, facturés à hauteur d’environ 200 $ par passager, ont déjà pris leur envol dans la région new-yorkaise, et tout récemment sur la côte amalfitaine en Italie. Mis en place cet été dans cette zone à l’exponentielle croissance touristique, Uber cherche à transformer le simple transport en une expérience de voyage à part entière.
En France, le service UberCopter assure des vols sur la Côte d’Azur de façon ponctuelle depuis 2015. En intégrant l’option directement sur son application, il compte désormais proposer un service permanent sur la zone Nice, Monaco, Cannes, Saint-Tropez, en espérant un boom considérable du nombre de voyages l’an prochain.
Ce que le directeur général de Joby considère comme « l’ouverture d’une voie à une nouvelle ère du transport aérien dans le monde » résonne pourtant comme une remise en cause de discours d’Uber basé sur la « mobilité accessible », qui privilégie finalement les élites capables de payer des sommes astronomiques pour s’affranchir des embouteillages terrestres.
Blade assure actuellement ses trajets avec une flotte d’hélicoptères classiques, bruyants et fortement émetteurs de CO₂, mais Joby Aviation affirme préparer le déploiement commercial de son taxi volant électrique nommé « l’eVTOL », un appareil électrique censé être silencieux et bas carbone. Cette promesse, qui attend encore des certifications et n’a pas démontré son impact sur l’environnement, ne semblerait pas pouvoir se concrétiser avant plusieurs années.
Un bilan carbone démesuré pour des courts trajets
Uber veut mettre l’hélicoptère dans la poche des citadins avec son appli, mais derrière la promesse de rapidité se cache un coût environnemental considérable. En effet, les hélicoptères sont extrêmement polluants sur de petites distances : un vol de quelques dizaines de kilomètres peut émettre bien plus de CO₂ par passager qu’une voiture, un train, et même qu’un petit avion commercial.
À titre d’exemple, un vol en hélicoptère de Nice à Cannes émet environ 18 kg de CO₂ par passager, soit environ 150 fois plus qu’un train et 5 à 10 fois plus qu’une voiture, pour un trajet de seulement 30 km. Outre le CO₂, les hélicoptères émettent également des oxydes d’azote (NOₓ) et des particules fines, contribuant à la pollution de l’air local.
Au-delà de la pollution locale, cette « innovation » pose aussi des questions concernant l’utilisation de l’espace urbain et la perturbation des écosystèmes urbains.
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