Les arbres sont grandement menacés par la sécheresse. Sur les trois années qui suivent les canicules et les incendies, des arbres affaiblis peuvent encore mourir. Selon les scientifiques, un deuxième été comme celui de 2022 serait ainsi dévastateur.
La canicule de l’été dernier fait toujours des ravages sur la végétation en France, notamment dans le Sud-Ouest. Des arbres dépérissent en plein milieu du printemps. Normalement d’un vert vif en cette saison, au fond d’un jardin, un hêtre a vu ses feuilles virer au marron.
A l’ouest de Bordeaux, de jeunes pins maritimes en bordure de route se dessèchent. Ce phénomène est de plus en plus visible en Gironde, où les incendies géants ont fait rage l’an dernier, et ce malgré le temps pluvieux de ces dernières semaines.
Les incendies de Landiras ont détruit des pins maritimes de plus de vingt mètres de haut. Si le pin n’est pas trop jeune et n’a pas complètement brûlé, le bois peut être récupéré, mais beaucoup d’individus sont morts. Quant à ceux qui ont survécu, ils sont devenus bien plus faibles.
Sylvain Delzon, chercheur à l’Institut national de recherche pour l’agriculture, l’alimentation et l’environnement (INRAE) de Bordeaux, s’est penché en profondeur sur ce phénomène, dû à la sécheresse de l’été dernier, auprès de France 3 :
« On observe un effet ‘lag’, un décalage, qui peut aller jusqu’à trois ans entre l’épisode de sécheresse subi par l’arbre et sa mort. On pense que la sécheresse peut entraîner un dysfonctionnement du système vasculaire de l’arbre, le xylème, qui lui permet d’acheminer l’eau depuis ses racines via la sève. Au printemps suivant le coup de chaud, l’arbre produira un système affaibli. Il risque alors de mourir d’embolie vasculaire. »
Les arbres les plus touchés par le phénomène sont les feuillus, les chênes, les hêtres et les frênes. En Gironde, des cas ont également été observés en bord de route :
« Un courant d’air chaud, accentué par l’asphalte et le passage des véhicules, augmente certainement les effets de la sécheresse. »
[1/2] Les épisodes de sécheresse ont intensifié le dépérissement des chênes en forêt, en ville comme à la campagne.
Pour mieux comprendre ce dépérissement, nous étendons nos suivis physiologiques à la canopée des chênes de la forêt expérimentale.
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— Forêt expérimentale de l'Université de Bordeaux (@Forest_UB) June 6, 2023
Si l’ampleur de ces embolies vasculaires est encore inconnue, en 2022, dans l’est de la Nouvelle Aquitaine, plusieurs centaines d’hectares de forêts ont subi la plus grande mortalité liée à la sécheresse dans la région.
Les chercheurs de l’INRAE se penchent sur la forêt expérimentale de l’Université de Bordeaux afin de mieux appréhender les effets de la sécheresse sur les arbres. Le but est d’identifier les essences les plus résistances afin de limiter les impacts. Une décoloration précoce des arbres dûe à la sécheresse de 2022 et ainsi au déclin de leur potentiel hydrique a été observée.
La sécheresse entrave l’évapotranspiration, qui permet de faire refroidir l’organisme. La température des feuilles dépasse ainsi parfois les 40 degrés, ce qui provoque des phénomènes irréversibles. La photosynthèse est également optimale entre 20 et 30 degrés, sans laquelle l’arbre ne se nourrit plus.
Les couleurs d’automne hors saison, et la mort de nombreux arbres, risquent malgré tout de devenir un paysage commun dans les années à venir.