Mercredi 08 octobre 2025, à la tombée de la nuit Place de la République, les militants de la flottille pour Gaza de retour à Paris font leur apparition devant des centaines de personnes venues les accueillir. Deux messages sont délivrés : une nouvelle navigation vers Gaza aura lieu ; la responsabilité juridique de l’État français sera engagée pour « inaction et silence » vis-à-vis de la violation du droit international par Israël.
« Il y a eu dans cette flottille l’espoir de toute une humanité, la colère des peuples, mais aussi l’amour pour la Palestine embrassé par des millions de personnes. Cet amour doit nous porter jusqu’à la libération » proclame Rima Hassan lors de sa prise de parole. L’eurodéputée française promet de « retourner » à Gaza rapidement.
Attaques de drônes
Partie de Barcelone début septembre pour acheminer de l’aide humanitaire à destination des Palestiniens, la flottille d’une vingtaine de bateaux a été rejointe en cours de route par des embarcations en provenance de Tunisie, de Sicile et de Crète. Au total, 50 bateaux ont navigué en direction de Gaza.
A Tunis, la flottille a connu une première attaque de drônes, qui a précédé une deuxième salve au large des côtes grecques, plus violente, qui a endommagé 6 bateaux, les obligeant à stopper leur mission.
Arrivé en « zone sensible », à 70 miles des côtes palestiniennes, en eaux internationales, l’armée Israélienne a commencé à intercepter les navires. « Des projecteurs sont braqués sur nous », des « canaux à eau sont utilisés » explique Yacine Haffaf, président de la branche française de l’association Waves of Freedom.
En mer, les militants ont bien été traités selon ce dernier. C’est à leur arrivée en terre israélienne que leur calvaire a débuté.
« On a connu l’humiliation, les menaces »
Emmenés à la prison de Ketziot, située dans le désert du Néguev, au sud d’Israël, les militants ont connu « l’humiliation , les menaces », continue Yacine Haffaf.
Durant leur séjour en prison, les militants ont été transférés « pendant 6 ou 7 heures dans des cages en plein soleil », obligés de rester « agenouillés » les mains derrière la tête. Une « technique de torture » utilisée par l’armée isarelienne selon l’activiste et docteur en sciences politiques Lyna al-Tabal Peron. Ils n’ont eu accès ni à de la nourriture saine, ni à un avocat.
Menacés de mort à plusieurs reprises, le coup le plus dur est intervenu lorsque le ministre israélien de la Sécurité nationale, Itamar Ben-Gvir, a rendu visite aux kidnappés. Des lasers verts ont été pointés sur leurs têtes, des chiens lâchés dans les cellules. « Vous serez traités comme les terroristes » a lâché le politique d’extrême droite.
« Dans notre cellule, il y avait des traces de balles sur les murs et au plafond, du sang séché dans un coin. Des Images du 7 octobre étaient diffusées en boucle à l’extérieur » décrit la député La France Insoumise Marie Mesmeur.
« On a touché à peine du doigt ce que vivent les prisonniers palestiniens dans les prisons israéliennes », insiste Yacine Haffaf.
« Ces actes appellent à une enquête indépendante », termine Lyna al-Tabal Peron.
« Une violation du droit international »
« Tout citoyen a la liberté de naviguer dans les eaux internationales, la liberté de naviguer vers la bande de Gaza pour y amener de l’aide humanitaire et pour briser le blocus illégal des autorités israéliennes » explique Romain Ruiz, l’un des avocats de la flottille.
Quelques jours plus tôt, les avocats avaient pourtant reçu une lettre du ministère de l’Intérieur, annonçant une probable interception de la flottille et une violation du droit international.
« Une preuve écrite de la part du quai d’Orsay sur l’illégalité de l’interception de la flottille par Israël » argumente Raphaël Kempf, autre avocat de la flottille.
« S’il y a une violation du droit international, la France est obligée de le faire respecter » continue t-il. Pourtant, dans la nuit du mardi 7 octobre 2026, Israël a récidivé, interceptant et emprisonnant 27 militants français.
« Nous allons engager la responsabilité de toutes les personnes engagées dans le non respect du droit de nos citoyens. Et nous engagerons l’État français pour son inaction et son silence » conclut Raphaël Kempf.
Les rassemblements qui ont lieu depuis deux ans « ne marchent pas », se désole Rima Hassan. « Il faut embrasser un niveau supérieur à celui que nous avons actuellement. Il faut que l’on embrasse une dynamique de blocage ». De son côté Yacine Haffaf parle d’un « boycott sans précédent, bloquer toute exportation de composants militaires ».
Les futures attaques en justice contre l’État français pourraient décanter la situation. Le gouvernement italien de Giorgia Meloni va également voir son inaction être engagée judiciairement.
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