Depuis mardi 21 janvier, la pêche est interdite durant un mois dans le Golfe de Gascogne pour tous les bateaux français ou étrangers de plus de huit mètres, soit 300 navires. Pour la deuxième année consécutive, cette mesure vise à protéger les populations de cétacés qui se retrouvent accidentellement tués dans les filets de pêche l’hiver.
L’an dernier, la fermeture provisoire de la pêche a permis d’épargner des milliers de dauphins. 1400 dauphins auraient été tués contre 6000 en moyenne durant les précédents hivers 2017 à 2023 « pour l’ensemble des eaux du golfe de Gascogne et de la Manche Ouest » précise l’Observatoire Pelagis.
Pour la deuxième année consécutive, le Conseil d’État interdit temporairement la pêche sur la façade atlantique entre janvier et février. La mesure était entrée en vigueur pour trois hivers, suite à la saisie du Conseil d’État par des associations de protection de l’environnement afin de protéger les dauphins.
« Les dauphins échoués sur un mois avec les marques de la pêche en 2023 étaient estimés à 750 environ alors que sur la même période en 2024, ce sont 150 dauphins qui se sont échoués, soit cinq fois moins. Une avancée significative et satisfaisante pour les dauphins » explique Dominique Chevillon, membre du groupe de travail national de captures des petits cétacés, pour La Relève et La Peste
Seuls les ligneurs, technique de pêche sélective, sont autorisés à continuer leur activité. Restés à quai, les fileyeurs et chalutiers sont tout de même indemnisés grâce à une enveloppe budgétaire de 20 millions d’euros (soit 1 million de plus que l’an dernier). Cette somme doit également bénéficier à certains acteurs en aval de la filière comme les mareyeurs. Malgré ce dédommagement financier, la majorité des pêcheurs ne voient pas d’un bon œil cette fermeture
« On ne peut pas transformer tous les bateaux : si on en enlève d’une pêcherie pour les reporter sur une autre, ça va faire effondrer d’autres populations de poissons » explique Patrick Courtiau, seul ligneur de Capbreton, pour La Relève et La Peste
Pourtant, la fermeture spatiotemporelle de la pêche est une bonne nouvelle pour le renouvellement d’autres espèces, notamment le bar dont c’est la période de reproduction. Or, on apprend à peine à connaître le cycle de vie des poissons pour respecter leur rythme biologique que tout change à cause du dérèglement climatique. Certaines espèces habituellement présentes ont commencé à migrer vers le Nord, comme le thon rouge, tandis que d’autres espèces tropicales y font désormais des incursions comme la daurade coryphène.
Malgré des résultats efficaces, la ministre de la Transition écologique Agnès Panier-Runacher s’est déclarée en faveur de lever cette interdiction dès 2027, pour se concentrer sur des dispositifs techniques comme les effaroucheurs et les « pingers », des balises acoustiques qui peuvent provoquer des dommages sur les cétacés.
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