Une analyse de l’eau sur la plage reliant Penfoul à Landunvez, au nord-ouest du Finistère, révèle une importante pollution bactériologique. Le collectif « Stoppons l’Extension », qui lutte contre la prolifération des fermes-usines en Bretagne, tire la sonnette d’alarme.
La contamination est « préoccupante ». Les concentrations d’escherichia coli (7 300 npp/100 ml) et de staphylocoques (10 UFC/100 ml) sont élevées. Les analyses démontrent également la présence de salmonelles.
Ces agents pathogènes peuvent entraîner des infections graves chez les enfants, les femmes enceintes, les personnes âgées et immunodéprimées. Une pollution « probablement » due à la proximité d’élevages industriels et de fermes pratiquant l’épandage selon le collectif.
Déplacement du point de contrôle sanitaire
Avant 2018, les prélèvements de l’agence régionale de santé (ARS) s’effectuaient en début de plage (point le plus bas sur la carte). Des résultats similaires aux analyses indépendantes effectuées à la demande du collectif étaient observés. Depuis cette même année, l’ARS a déplacé la zone de contrôle vers le large (point le plus haut), endroit où les résultats apparaissent meilleurs.
« Cette modification du point de prélèvement masque la pollution réelle, altère le classement officiel de la plage et expose les usagers à un risque sanitaire grave » indique le collectif.
Une zone de contrôle qui se trouve maintenant en aval des aires de baignade prisées par les baigneurs. En 2024, la mairie a installé des panneaux déconseillant la baignade, mais ils restent « largement ignorés » explique Stoppons l’Extension.
Le collectif demande aux autorités sanitaires de « prendre des mesures immédiates » et « la création de deux points de mesure officiels à Penfoul, reflétant la réalité des usages ».
L’élevage industriel en cause?
En 2023, Greenpeace France pointait la multiplication des fermes-usines sur le territoire français. 70 % d’entre elles étaient concentrées dans les Pays de la Loire et en Bretagne, dont 445 dans le Finistère. L’ONG pointait une « pression environnementale insoutenable ».
« Elles polluent l’air à cause des émissions d’ammoniac, un précurseur des particules fines très néfastes pour notre santé, mais aussi l’eau, puisque la présence excessive de nitrates favorise l’apparition d’algues vertes. Elles aggravent le réchauffement climatique avec les émissions de méthane, un puissant gaz à effet de serre » détaillait Sandy Olivar Calvo, chargée de campagne Agriculture à Greenpeace.
Depuis 2024, Eau et Rivières de Bretagne publie une cartographie de la qualité des eaux de baignade sur la totalité du littoral français, montrant une forte corrélation entre élevage, zones d’épandage et pollution.
« Chaque jour, un porc produit autant de bactéries que trente humains et une vache autant que cinq humains. Et leurs effluents ne sont pas traités ou très partiellement avant épandage. En Bretagne, la carte des plages polluées correspond, pour une très large part, à celle des élevages et des épandages » indique l’association.
Des analyses publiées alors que la proposition de loi « Duplomb », du nom du sénateur Les Républicains qui en est le dépositaire, vient d’être renvoyée devant une commission mixte paritaire par l’Assemblée nationale. La PPL vise à lever certaines contraintes liées à l’exercice du métier d’agriculteur et à faciliter l’installation et l’agrandissement des fermes-usines, sans évaluation environnementale systématique.
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