BREVE – Dans une tribune publiée dans Libération, plus de 500 scientifiques appellent à boycotter « tous les produits liés de près ou de loin à la 5G et son monde. » Pour eux, cette technologie poussée par la course au consumérisme est un danger écologique, un risque sanitaire et une fuite en avant inconsciente face aux enjeux du XXIème siècle.
Malgré les tentatives et parfois les réussites de la population pour s’opposer à l’implantation d’antennes près de chez eux, la 5G est déjà en marche dans toute la France pour paraît-il le meilleur, mais surtout pour le pire.
Les encarts publicitaires se déploient dans tous les recoins des rues et jusque sur nos écrans en permanence pour nous convaincre de l’impérieuse nécessité d’acheter un téléphone au prix indécent qui nous permettra de capter la nouvelle prouesse technologique du capitalisme numérique et sa kyrielle d’objets connectés. Dans une tribune publiée hier dans Libération, plus de 500 scientifiques appellent les citoyens à dire « non » à la 5G.
« A l’heure où il nous reste sept ans de budget carbone pour rester en dessous de 1,5°C de réchauffement climatique, il paraît tout à fait déraisonnable de déployer une technologie énergivore, prédatrice en ressources naturelles et humaines, ne répondant à aucun de nos besoins fondamentaux. »
Cette tribune paraît au moment où l’Agence nationale sécurité sanitaire alimentaire nationale (Anses) vient de rendre l’avis tant attendu, dans lequel elle proclame qu’il n’y a « pas de risques nouveaux pour la santé humaine au vu des données disponibles » en précisant toutefoisque les études n’ont pas été menées sur les nouvelles fréquences utilisées par la 5G, et qu’elle manque ainsi de données probantes pour émettre un avis ferme et rassurant.
« L’incertitude demeure, donc, en matière de risque sanitaire, mais le déploiement continue. Et il y a plus grave que l’incertitude quant aux éventuels risques sanitaires des ondes : c’est la certitude quant aux ravages écologiques et humains. A l’heure où nous n’avons d’autre solution raisonnable que la sobriété énergétique pour assurer un futur vivable, l’idée même de déployer ce réseau et l’extraordinaire production industrielle qui l’accompagne est délirante, voire obscène. »
Ce déploiement arrive d’ailleurs au moment où une pénurie de matériaux et puces électroniques s’étend peu à peu dans le monde entier, causée par différents facteurs dont le grippage des échanges internationaux causés par le covid, mais aussi l’explosion de la demande pour certains matériaux.
« Oui, bien sûr que oui, avec sa myriade d’objets connectés, d’écrans, de batteries, de satellites, de data centers et de robotique de pointe, la 5G accélère le saccage de la planète. Et pas seulement à cause du réchauffement climatique : l’extraction minière nécessaire pour fabriquer les nouveaux gadgets technologiques a, dans certaines régions du monde, des conséquences dramatiques. Outre les dégâts sur les écosystèmes, ce sont des hommes, des femmes et des enfants travaillant dans des mines sans protections, avec des outils rudimentaires, pour un salaire de misère, parfois sous contrôle paramilitaire ou mafieux. Aujourd’hui, c’est parfois dans des conditions d’esclavage moderne que des humains meurent pour que d’autres croulent sous les objets connectés. »
Face au désastre annoncé, les 500 scientifiques exhortent donc les citoyens à faire preuve de plus de discernement que leurs dirigeants, empêtrés dans une compétition internationale qui n’a aucun sens.
« Il est extrêmement complexe de résister au rouleau compresseur qui entraîne inexorablement les enfants qui naissent aujourd’hui, et l’ensemble du vivant, vers un monde à +4°C, avec toutes les catastrophes que nous, scientifiques, documentons dans nos travaux. Choisissons alors de ne pas jouer le jeu : si personne n’achète de téléphone 5G ni d’objets connectés, le déploiement extrêmement coûteux de cette technologie sera mis en échec. »
Ce texte a été signé par plus de 500 scientifiques, dont la liste peut être trouvée ici. Des références supplémentaires et un formulaire de soutien à cet appel sont également disponibles sur le site de l’Atécopol.
Crédit photo couv : Hugo Passarello Luna / Hans Lucas / Hans Lucas via AFP