Au Pays-de-la-Loire, France Nature Environnement et la LPO dénoncent les destructions de haies qui sont commises en période d’interdiction printanière et de confinement. Pour les deux ONG, cette destruction est à contre-courant de ce que nous confirme la crise sanitaire actuelle : l’importance de préserver et régénérer la biodiversité.
Destruction illégale de haies bocagères
Avec la plateforme de vigilance citoyenne « Sentinelles de la Nature », France Nature Environnement Pays-de-la-Loire a reçu de nombreux signalements de destruction de haies et le brûlage du bois vert issu de ces coupes. En cause, les conditions hivernales qui n’ont pas permis de réaliser un grand nombre de chantiers, et leur relance avec l’arrivée du printemps.
Problème : cette destruction se fait en illégalité au regard de la législation en cours. En effet, les tailles de haies en milieu agricole sont interdites du 1er avril au 31 juillet, pour respecter la nidification et l’essor de la biodiversité, tandis que le brûlage des déchets verts est interdit pour ne pas aggraver la pollution de l’air.
« La haie joue pourtant plusieurs rôles importants pour l’environnement : filtre naturel des eaux polluées par les activités de l’homme, rôle d’éponge permettant de stocker l’eau dans les terres agricoles, rôle de brise vent et créateur de micro-climats favorables à l’agriculture de polyculture élevage ; rôles pour la biodiversité : espace refuge et d’alimentation pour la faune, lieu de nidification pour les oiseaux et de gîte pour les chauve-souris et composante importante du puits de carbone face au changement climatique. » rappelle François Halligon, président de la LPO Pays de la Loire
FNE et la LPO Pays de la Loire dénoncent des « pratiques illégales et irresponsables » qui risquent de causer des dégâts énormes sur la biodiversité, alors que le printemps est la période de l’année où se passent nidification, pontes, couvées et croissance des petits.
Le bocage, une espèce en voie de disparition
Lors de l’industrialisation de l’agriculture, à la fin de la deuxième guerre mondiale, le « remembrement » a détruit plus de 600 000 km de haies bocagères qui délimitaient les parcelles paysannes. Pour créer de grands champs accessibles aux tracteurs, les bocages ont été systématiquement éradiqués des campagnes françaises, arrachant des arbres par milliers, souvent contre l’avis de la population.
Au Pays-de-la-Loire mais aussi dans d’autres régions françaises, de nombreuses initiatives émergent pour redonner leur place aux haies dans le paysage agricole. Les agriculteurs sont souvent partagés entre les bénéfices des bocages dans les champs, et le travail d’entretien qu’ils réclament. Alain Quéro, éleveur laitier, a choisi de replanter plus de 1500m de haies épaisses sur sa ferme.
« Avant y avait plus d’arbres, j’entendais pas un moineau, aujourd’hui j’ai un concert de gazouillement tous les jours. Ça coupe le vent, les rendements ne sont pas moins bons, les insectes qui mangent les pucerons ont un abri et je commence même à avoir du bois pour me chauffer. » énumère-t-il pour l’AFP.
Les bocages sont ainsi adaptés pour limiter l’érosion des sols causée par le vent. Cependant, les politiques agricoles menées en faveur d’une agriculture industrielle mécanisée vont à l’encontre des petites exploitations agroécologiques dans lesquelles les bocages ont toute leur place.
Une question reste en suspens : les bocages vont-ils retrouver leur juste place dans nos campagnes ou périr sous les assauts de l’agrandissement des exploitations agricoles industrielles ?