A l’image d’Amsterdam qui a limité le nombre de vols de son aéroport, pourtant le 3ème plus fréquenté en Europe, le Conseil de Paris a adopté à l’unanimité un vœu du groupe écologiste prônant la réduction du trafic aérien. L’objectif : diminuer le nombre d’avions dans le ciel parisien de 12% d’ici 2025, par rapport à 2022.
Le Covid n’aura pas immobilisé les avions bien longtemps, et le trafic aérien reprend de plus belle depuis la fin des confinements (le virus, lui, court toujours). Le 6 juillet 2023, près de 134 000 vols commerciaux et environ 10 000 vols en jets privés ont été ainsi recensés sur le globe, selon les calculs du site spécialisé dans le trafic aérien mondial Flightradar24.
C’est un record : il s’agit du plus grand nombre de vols enregistrés en 24 heures par le site depuis son lancement en 2007. Ce 6 juillet a également été le jour le plus chaud jamais enregistré sur terre. Le 13 juillet, ce record a été de nouveau battu avec 137 225 vols commerciaux recensés en même temps dans le ciel.
En Europe, le trafic aérien est revenu à 83% de son trafic par rapport à 2019 selon l’organisme Eurocontrol. Tandis que sur la capitale française, 57 681 avions ont transité sur les aéroports d’Orly et Charles-de-Gaulle sur le seul mois de juin 2023, soit un retour à 90,4% de son trafic pré-Covid.
Yesterday was the busiest day for commercial aviation that we’ve ever tracked. We tracked 134,386 commercial flights on 6 July and today is shaping up to be another busy day. More than 20,000 flights are in the air right now. pic.twitter.com/E7wheAo86B
— Flightradar24 (@flightradar24) July 7, 2023
Or, pour devenir « neutre en carbone » d’ici à 2050, la Ville de Paris doit réduire le transport aérien sur son territoire, ce dernier représentant 33% de l’empreinte carbone de la capitale française tandis que l’alimentation, deuxième secteur le plus émetteur, pèse 17%. Les voyages en avion des Parisien·ne·s et le fret aérien ont émis 7,6 millions de tonnes d’équivalent CO2 en 2018.
Adopté en juin lors d’un Conseil de Paris, le vœu initié par les alliés écologistes d’Anne Hidalgo engage la Ville à plaider auprès du gouvernement et des gestionnaires des aéroports la baisse du trafic aérien ; mettre en place un plan de transformation du secteur aérien à l’échelle de l’Ile-de-France avec la Région et l’État ; et intégrer au Plan Climat un recensement des émissions de gaz à effet de serre émis lors des voyages aériens des touristes en visite à Paris.
Avec ce vœu, les élus parisiens veulent suivre l’exemple du gouvernement néerlandais qui a décidé de plafonner le nombre de vols à l’aéroport d’Amsterdam-Schiphol, l’un des plus surchargés d’Europe, à 440 000 vols par an contre une capacité de 500 000 atteinte avant la pandémie de Covid-19. Une mesure prise en raison de la pollution sonore et des craintes des habitants vivant près de l’aéroport concernant l’impact environnemental et sanitaire du trafic aérien.
Cependant, le vœu des élus parisiens n’est pas contraignant puisque la Ville ne gère plus les aéroports. Le PDG d’ADP, Augustin de Romanet, a tout de même créé la surprise récemment en invitant « les gens à être plus raisonnables » tant que « le transport aérien n’aura pas été bout de son processus décarbonation ».
L’industrie compte sur la création d’un « avion vert », dont la technologie ne sera pas mature avant 2035 et peut-être même jamais, pour limiter ses émissions. Or, le cabinet B&L Evolutions l’a bien précisé dans une étude : il faudrait diminuer de moitié le nombre de passagers d’ici 20 ans pour respecter l’Accord de Paris.
Surtout, les touristes, qui assurent une manne financière substantielle à la Ville avec 13% de son PIB et plus de 15% des emplois, affluent principalement par avion. Une tendance qui va forcément augmenter en 2024 avec l’organisation des Jeux Olympiques dans la capitale alors que Paris devrait accueillir 15 millions de touristes, dont 1,2 million venus de l’étranger, en l’espace de trois semaines.
Le Groupe Les Écologistes explique qu’il souhaite transformer le tourisme vers un modèle durable et écoresponsable : « Qui veut voyager loin ménage sa monture. Qui veut continuer de voyager protège le climat » devrait être l’adage des temps nouveaux selon eux.