L214 dénonce la supercherie du gouvernement quant à l’interdiction du broyage et gazage des poussins. Alors qu’elle doit s’appliquer au 1er janvier 2023, elle est nettement diminuée par des dérogations mises en place par arrêté du gouvernement ce 7 novembre 2022. A cause d’elles, 15 % des poussins mâles pourront toujours être éliminés à la naissance par gazage, soit 8,5 millions chaque année.
Le mercredi 7 septembre, L214 a organisé un happening devant la Direction Générale de l’Alimentation (DGAL). Pendant l’action, un groupe de bénévoles a placé des banderoles sur les côtés de la DGAL, ainsi qu’une petite table avec de la pâte à modeler et du faux sang pour imager le broyage des poussins.
Une dizaine de politiques, dont Jean-Luc Mélenchon, Aymeric Caron, Danielle Simonnet, ainsi que des conseillers de Paris, du Parti Animaliste ou du PS se sont joints à eux pour apporter leur soutien et demander au gouvernement de tenir leurs engagements.
Barbara Boyer, chargée des relations presse pour L214, s’exprime auprès de La Relève et La Peste : « On a commencé à avoir des doutes il y a quelques semaines. On a vu dans le décret qu’il y avait des exceptions pour l’alimentation animale, qu’il y avait des négociations avec la filière œuf. On a senti que tous les poussins n’allaient pas être concernés. »
En juillet 2021, l’ex-ministre de l’agriculture Julien Denormandie promettait pourtant dans un tweet la fin pure et simple du gazage et du broyage des poussins.
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Selon L214, l’arrêté pose une exception à l’interdiction pour les « poussins issus de souches dont le sexe de l’embryon ne peut pas être déterminé selon une méthode basée sur la différence de couleur des plumes », c’est-à-dire les œufs (blancs) des poules blanches, dont la couleur ne peut pas être différenciée dans l’œuf, soit 15 % des poussins.
Le sexage in ovo basé sur la couleur des plumes est impossible pour ces poussins, il faut donc recourir à d’autres méthodes, telles que l’analyse hormonale, déjà utilisée en Allemagne.
Pour L214, il est incompréhensible que les poussins issus de poules blanches puissent continuer à être gazés. En Allemagne, le broyage et le gazage sont interdits depuis le 1er janvier 2022, et la majorité des poules pondeuses sont blanches (les Allemands consomment plutôt des oeufs blancs et les Français des oeufs bruns).
Barbara Boyer précise également : « L’interdiction ne concerne que la filière poule pondeuse, tous les autres oisillons ne sont pas concernés (canetons femelle dans l’industrie du foie gras, les dindes, les pintades, les cailles, etc.).
Elle explique que la communication est fallacieuse depuis le début, le gouvernement ayant construit discrètement, à la demande de la filière œuf, des exceptions de taille, puisqu’elles concernent au moins 8,5 millions de poussins chaque année.
Maxime Chaumet, le directeur de la CNPO (Comité national pour la promotion de l’œuf) a par ailleurs indiqué qu’il y aurait « peut-être une nouvelle répartition entre poules brunes et poules blanches ». Pour des raisons économiques, il est possible que la filière utilise davantage de poules blanches.
Barbara Boyer conclut : « Il y a une porte ouverte aujourd’hui et qui concerne près de dix millions de poussins, et le chiffre pourrait augmenter si la filière décide d’avoir plus de poules blanches que de poules rousses. »
Selon elle, l’arrêt du broyage des poussins constituait pourtant l’une des rares avancées pour les animaux pendant ce mandat.