En 2022, le collectif mondial Scientist Rebellion prend de l’ampleur. Après une première action majeure en 2021, où plus de 100 scientifiques ont collé des copies des articles du géant de la publication scientifique Springer Nature et la British Royal Society sur leurs bureaux, les actions se poursuivent cette année partout dans le monde : aux Etats-Unis, en Suisse, en Allemagne, ou encore en France.
En février 2020, mille scientifiques signent une tribune dans le Monde pour revendiquer la nécessité de la rébellion face à la crise écologique. Le collectif Scientist Rebellion a été créé la même année par deux doctorants en physique du St Andrews college, en Ecosse, pour que les scientifiques puissent agir au premier rang, en tant que militants, et organiser des actions de désobéissance civile. Des scientifiques d’une vingtaine de pays les ont rejoints.
Le 6 avril 2022, le climatologue pour la Nasa Peter Kalmus a été arrêté par la police après s’être enchaîné à la banque américaine JP Morgan Chase, qui investit dans les énergies fossiles. 1000 autres scientifiques ont manifesté dans 26 pays différents. La vidéo de son action est vue des millions de fois sur les réseaux sociaux.
Selon lui, le monde manque actuellement de démocratie, parce que les politiciens sont plus redevables aux intérêts de riches donateurs qu’au peuple. Il estime pourtant que si un vote était possible, nous pourrions stopper le réchauffement climatique très rapidement.
Une étude collaborative des universités de Harvard et de Yale de 2014 révélait que 70 % des gens voteraient pour une utilisation durable des ressources.
Selon France 3, le vendredi 14 octobre, une vingtaine de personnes du mouvement citoyen ANV-COP21 et une dizaine de scientifiques se sont invitées à une table ronde au Capitole de Toulouse lors d’un forum intitulé Toulouse Zéro Carbone pour occuper l’évènement, dénoncer les contresens de la métropole et la politique de TotalEnergies, partenaire de l’évènement.
L’action a eu lieu dans le cadre d’une occupation généralisée de lieux de pouvoirs dans dix villes par ANV-COP21, pour confronter les décideurs politiques et dénoncer les projets incompatibles avec la réduction drastique et nécessaire des émissions de gaz à effet de serre.
Les détracteurs de l’engagement des scientifiques tendent à pointer du doigt la question de la neutralité, selon une enquête de FranceInfo. Peter Kalmus s’est quant à lui exprimé sur le sujet auprès du quotidien Ouest-France :
« Si les scientifiques ne deviennent pas des militants, les gens ne sauront pas ce qui est en train de se passer, ni ce qui va arriver. Ils ne sauront pas que ce qui arrive est la nouvelle normalité et que ça empire chaque année au point de ne plus avoir de civilisation telle que nous la connaissons aujourd’hui. Et ce niveau de dérèglement climatique arrive beaucoup plus rapidement que la plupart des gens ne le réalisent. Les scientifiques voient ce train arriver, qui d’autre pourrait sonner l’alarme ? Nous avons une plus grande responsabilité morale. »
Pour Jérôme Guilet, astrophysicien interpellé après avoir manifesté devant l’Elysée pour dénoncer de son statut de scientifique le bilan insuffisant d’Emmanuel Macron : « Etre neutre, c’est être dans le courant dominant et soutenir le statu quo actuel. »
Selon le dernier rapport du GIEC, « les actions collectives soutiennent les changements systémiques ». Kévin Jean, épidémiologiste interpellé également devant l’Elysée, a estimé pour France Info : « Les scientifiques jouissent d’un certain niveau de confiance. On doit s’en servir pour appuyer des demandes de transformation forte ».
Julia Steinberg, chercheuse suisse et militante, a également développé : « La plupart des personnes qui me reprochent mon activisme ne sont pas prêtes à écouter la science. Personne ne m’a jamais dit : ‘J’étais prêt à lire les rapports du Giec, mais là, vous allez trop loin’ ».