Entre le 1er mai et le 23 juillet 2021, 11 335 animaux abandonnés ont été pris en charge par la SPA en France, c’est-à-dire 7% de plus qu’en 2019 qui était déjà une année record. Une hausse importante a été constatée en ce qui concerne les chats spécifiquement, puisqu’ils représentent 68% des animaux recueillis depuis mai 2021. Parmi ces derniers, les chattes gestantes et les chatons venant de portées sont en nombre plus important car les détenteurs ne souhaitent pas s’occuper des petits.
Lorsqu’ils ne sont pas apportés en refuges, ces abandons prennent différentes formes, que les animaux soient déposés dans des cartons, des sacs de courses, des bacs à litière fermés par du scotch et autres boîtes de transports scellées, ou simplement déposés dans la rue.
Mais la plupart des abandons sont faits sur les aires d’autoroute. Ils sont environ 100 000 chaque année, dont 60 000 pendant l’été, et 40 000 au bord de la route selon les chiffres de 2019, mais il y a une explosion des abandons depuis deux ans.
Les refuges sont surpeuplés. La responsable de la SPA à Chamarande, dans l’Essonne, Carole Retrou, explique que plus de 200 animaux ont dû être pris en charge par 17 membres du personnel. Les 80 chiens du centre ont été placés par deux dans les boxes.
L’accueil de plus de chiens est actuellement impossible, pourtant, 8 nouveaux chiens doivent être amenés au refuge. La responsable affirme qu’ils vont trouver une solution avec d’autres refuges, sans quoi, ils sont voués à l’euthanasie.
Beaucoup de chats dont des chatons sont accueillis dans de mauvais états. Certains animaux présentent des séquelles psychologiques et l’arrivée à la SPA peut être difficile du fait de l’accueil au sein de cages et du nombre important d’animaux présents dans les associations cette année, malgré la période d’isolement à leur arrivée. Ils peuvent ainsi refuser de se nourrir ou refuser d’être approchés, ou parfois rejeter leurs congénères.
Selon Carole Retrou, il est probable que la pandémie soit à l’origine de beaucoup d’adoptions impulsives pendant les confinements qui auraient été ensuite regrettées à la reprise du travail ou de vacances après deux ans sans possible départ.
Carole Retrou met en avant la fausse idée que peuvent se faire les adoptants de chats sur leurs capacités d’adaptation : il s’agit d’un animal domestiqué depuis très longtemps, qui a été nourri de croquettes et de boîtes de conserve.
En effet, le chat a commencé à être domestiqué par l’homme aux alentours de 7500 à 7000 avant J.-C, il ne sera donc pas naturellement chasseur et autonome si abandonné dans la nature, et pourra souffrir de sa solitude, s’abandonner par cause d’états dépressifs, souffrir de malnutrition, de déshydratation ou bien se retrouver dans des positions vulnérables face aux virus, parasites et aux aléas météorologiques.
D’après la SPA, en 4 ans, un seul couple de chats peut engendrer jusqu’à 20 000 descendants. L’association préconise donc la stérilisation pour limiter la surpopulation, afin que les particuliers ne se retrouvent pas avec des portées dont ils ne souhaitent pas prendre en charge la gestion.
Au SPA de Basse-Normandie, une réponse au problème a été mise en place : des familles d’accueil temporaires. La SPA prend en charge les frais pour l’animal et les particuliers hébergent un ou plusieurs animaux pendant quelques mois.
Cependant, il s’agit d’une solution à court-terme qui ne remplace pas les adoptions, car les animaux ont du mal à s’adapter à de nouveaux environnements et chaque changement laisse des traumatismes.
Considéré comme un acte de cruauté, l’abandon d’animal sur la voie publique est en France un délit pénal qui est punissable d’une peine allant jusqu’à deux ans de prison et 30 000 euros d’amende.
Il est cependant possible d’abandonner un animal légalement en le conduisant dans un refuge animalier où un document permettra d’abandonner la responsabilité et le droit de propriété du propriétaire sur l’animal.
Afin d’éviter les phénomènes d’usines à chats et chiens et les achats compulsifs qui entraînent des maltraitances et des abandons, l’Assemblée Nationale a voté l’interdiction de la vente en animalerie en 2024, des restrictions et de meilleurs encadrements sur internet.
Pour le moment, les animaux subissent les conséquences : « Tout est accessible sur internet. Même les éleveurs livrent à domicile sans que les nouveaux propriétaires aient jamais vu l’animal, qui est traité comme un objet », déplore Carole Retrou.
Crédit photo couv : Thomas Park