Une étude récemment publiée par l’Université de Hong Kong et l’Université d’Auckland en Nouvelle-Zélande a démontré que les enfants qui entretenaient un lien plus étroit avec le vivant étaient moins anxieux, moins hyperactifs et présentaient un comportement prosocial.
Une autre étude menée l’an dernier par le Centre pour la recherche en épidémiologie environnementale de Barcelone sur 253 écoliers avait démontré, par des IRM et tests informatiques, que les capacités cognitives des enfants élevés près de la nature étaient supérieurs, ainsi que leur mémoire et leur capacité d’attention.
Outre le fait que vivre proche d’espaces verts est souvent associé à un air plus sain, donc moins d’exposition aux gaz nocifs pour la santé, le fait d’être régulièrement au contact du vivant développe de nombreuses capacités cognitives, émotionnelles et sensorielles.
Que l’on soit près d’un marécage, dans les montagnes, près d’une plage d’une forêt, la nature éveille des sens que nos modes de vie contemporains laissent en jachère : l’ouïe, quand il s’agit de guetter les chants d’oiseau ou d’un écureuil, l’odorat, l’odeur du sel, des feuilles humides, des champignons, le toucher, par les mains et par les pieds qui apprennent à arpenter un terrain de sable, de cailloux ou de terre, et une autre forme de vision qui nous apprend à scruter les horizons ou les lizières, à tenter de distinguer des animaux malgré leur camouflage. Pour un enfant, l’exploration de ces sens est décuplée.
Quand il est en nature, l’enfant n’est plus le centre du monde. Il comprend qu’il fait partie de quelque chose de plus grand. Parce que ni la forêt ni la plage ne sont faits pour lui. Ils l’accueillent, et il s’y fait une place, en étant attentif aux autres habitants, à ses propres limites et à la force des éléments. Il apprend à faire silence s’il guette des animaux, à adapter son comportement dans un environnement où il n’est pas seul. La nature n’étant pas un film ni un jeu vidéo, on ne peut prévoir les rencontres, et le sentiment de joie et d’émerveillement à la découverte d’un chevreuil, d’une coccinelle ou d’une étoile de mer, est forcément décuplée.
À condition, bien sûr, de savoir être présent à la nature. Il suffit de vivre près d’un site naturel touristique pour savoir qu’une forêt, une grotte ou une plage peuvent tout à fait être considérés comme des biens de consommation par bien des touristes, adultes comme enfants. Combien connaissent les graffitis sur les parois des falaises, les papiers toilettes laissés dans la forêt, les lumières des flash qui abîment les parois des grottes ? La nature nous fait du bien, à condition que nous sachions la respecter. Faire silence dans une forêt pour ne pas déranger ses habitants que nous venons troubler, apprécier l’obscurité d’une grotte, ne pas marcher en dehors des sentiers quand les sols sont menacés d’érosion, ne pas nourrir les animaux que nous trouvons mignons, apprécier une fleur sans la cueillir, cueillir des fruits sans dévaliser les buissons.
Sans doute on peut trouver bien étrange de faire des études pour démontrer que le contact avec le vivant est essentiel dans le développement des enfants. Pour bien des peuples, c’est une évidence. Avons-nous à ce point perdu ce sens premier d’être présent à ce qui nous entoure ? Où que nous soyons, nous pouvons cultiver cette capacité d’étonnement, d’attention, d’écoute, face à ce qui nous entoure. Un arbre seul au milieu d’un carré de bitume peut nous faire du bien et nous apprendre bien des choses.