Après EELV et le PCF, c’est au tour du PS de rejoindre officiellement la France insoumise sous la bannière de la Nouvelle Union populaire écologique et sociale (NUPES). Ce rassemblement politique ardemment attendu par les électeurs acte ainsi l’union des plus gros partis de gauche pour les élections législatives des 12 et 19 juin. Objectif : obtenir une majorité à l’Assemblée nationale dans un mois et demi pour imposer Jean-Luc Mélenchon comme Premier Ministre à Emmanuel Macron.
Les accords auront provoqué des tensions énormes en interne, mais après la débâcle des élections présidentielles le PS a finalement fait le choix de rejoindre la France insoumise dans la course aux législatives. Ce soir, le conseil national du PS s’est résolu à valider l’accord conclu mercredi entre les deux organisations politiques dans le but de rassembler le plus de sièges possibles à l’Assemblée nationale, et imposer leur agenda politique face à LREM.
« Ce n’est pas un simple accord électoral. Nous disons que les 12 et le 19 juin Emmanuel Macron peut et doit être battu et nous pouvons le faire avec une majorité pour gouverner sur un programme de rupture », avait assuré Adrien Quatennens, coordinateur de La France insoumise et député du Nord, au micro de franceinfo
Le rapprochement avait été vivement réclamé par les électeurs de gauche, face à la casse sociale perpétrée par Emmanuel Macron durant ces cinq premières années de mandat. Les ténors du PS, en revanche, étaient bien plus divisés sur une possible union. Certains redoutaient notamment que cette alliance signe officiellement la mort de ce parti historique de gauche.
L’un des plus vindicatifs, l’ancien ministre de l’agriculture et actuel maire du Mans Stéphane Le Foll, s’est même déclaré prêt à « conduire la campagne » pour les législatives des dissidents du PS. L’ancien Premier ministre Bernard Cazeneuve, quant à lui, a quitté le parti par fidélité « au socialisme républicain ».
D’autres critiques virulentes ont sans surprise émané des partis politiques de droite, et notamment du camp d’Emmanuel Macron qui a attaqué par médias interposés les socialistes et les écologistes en les accusant de renier leur histoire et leurs combats. François Bayrou, proche du président et chef du MoDem, a notamment fustigé le principe de « désobéissance » aux règles européennes.
Pourtant, ainsi que le rappelle le journaliste politique Sébastien Fontenelle, « il suffit de relire dix lignes (n’importe lesquelles) du programme du Parti socialiste publié en 1972, qui était aussi le programme commun de la gauche, pour constater qu’il était bien plus « radical » que celui de la NUPES. »
Et de citer plusieurs exemples : retraite à 60 ans pour les hommes et 55 ans pour les femmes, contrôle des prix des produits de première nécessité, le respect de toutes les croyances et options philosophiques par l’Education nationale, faire cesser les violences policières, fin des expulsions des personnes immigrées, etc.
Et même, face à l’UE, « le gouvernement de la gauche devra obtenir de ses partenaires européens le respect de la marge de manœuvre indispensable aux pays membres pour conserver la maîtrise de leur politique nationale ».
Cependant, ni le Nouveau Parti Anticapitaliste, ni Lutte Ouvrière, n’ont souhaité se joindre à cette union, voyant d’un mauvais oeil l’arrivée du PS en son sein.
Dans ce contexte politique tendu, il aura fallu deux jours et deux nuits d’intenses discussions au siège de La France insoumise pour aboutir à l’accord de principe validé par le Conseil national du PS. L’accord prévoit de laisser 70 investitures (sur 577 circonscriptions) au PS.
« C’est une bataille idéologique qui se joue, analyse Aurélie Trouvé, ancienne directrice d’Attac, désormais Présidente du parlement de l’Union populaire, pour Libération. C’est fou le chemin qu’ils (les socialistes) font en quelques jours. Dans deux ans, on ne se rappellera pas du nombre de circonscriptions que chacun a eu mais de la clarification à gauche sur une ligne de rupture avec le système ».
C’est donc une gauche plus radicale qui se veut aujourd’hui dans cette union plurielle, dans l’esprit qui la caractérisait avant ses trop nombreux cadeaux au libéralisme. Cette année, le rassemblement a lieu par deux sujets majeurs pour la société française : la réforme des retraites et la crise climatique.
Reste donc à cette nouvelle union de remporter le plus de sièges aux législatives pour imposer un agenda écologique et social au deuxième quinquennat d’Emmanuel Macron. Si les partis arrivent à garder cette nouvelle volonté d’unité, ils pourront construire cette gauche « populaire écologique et sociale » et devenir une force motrice politique de la France.
Crédit photo couv : Alexandre Bre / Hans Lucas via AFP