Ces dernières années, le trail s’est imposé comme un phénomène de masse : épreuves à travers le monde, millions d’adeptes, images marketing qui célèbrent la nature. Mais derrière ce paysage, des études alertent sur cette pratique en plein essor, notamment son industrialisation menant à des grands événements internationaux comme l’UTMB, et générant des impacts écologiques mesurables.
Le géant du trail UTMB sous les critiques
Dans un contexte où le nombre de trails organisés en France a augmenté de 11 % entre 2023 et 2025, selon la Fédération, l’Ultra-Trail du Mont-Blanc (UTMB) est devenu l’emblème du trail moderne avec ses milliers d’inscrits, sa couverture médiatique mondiale et son tourisme conséquent pour Chamonix et les vallées voisines.
Mais c’est sans compter son coût environnemental, comparable à celui d’un Grand Prix de Formule 1 : 18600 tonnes de CO² en 2024, d’après l’étude réalisée par le cabinet Utopies. Un impact considérable lié aux transports des coureurs et du public, constituant plus de 80 % des émissions liées à l’événement, que les organisateurs reconnaissent eux-mêmes.
En juin dernier, face aux critiques sur ce bilan, l’UTMB Group a annoncé des mesures visant à réduire de 20 % ses émissions carbone d’ici à 2030. Les efforts concrets déployés depuis quelques années n’effacent pas pour autant la portée du problème, dans un contexte international qui attire des compétiteurs du monde entier.
Le tourisme du trail
Ces chiffres soulignent un problème plus global : la massification du trail qui se nourrit d’un tourisme vacances – compétitions, poussant les pratiquants à parcourir des milliers de kilomètres pour participer à des courses.
L’étude dédiée au calcul de l’empreinte carbone du déplacement des participants d’un ultra-trail, sur le cas des 100 Miles of Istria en Croatie, menée par Grofelnik et ses collaborateurs en 2023, montre qu’un coureur génère en moyenne 95 kg de CO₂ liés à son voyage pour l’événement, soit 90% des émissions totales.
L’effet touristique ne se limite pas au bilan carbone des déplacements : la montagne étouffe et certains villages et territoires éloignés peuvent souffrir d’une surfréquentation saisonnière (infrastructures, déchets, pression sur l’eau et hébergements).
Les pressions locales peuvent également compromettre la capacité des écosystèmes à absorber l’impact. Derrière l’image d’un sport en communion avec la nature, le trail laisse une empreinte bien réelle sur les milieux.
Érosion des sentiers, dégradation de la végétation alpine, perturbation de la faune sauvage : plusieurs études montrent que les passages répétés de coureurs modifient durablement les sols, et que les chamois, marmottes, oiseaux, fuient parfois jusqu’à plusieurs centaines de mètres, modifiant les comportements de reproduction ou d’alimentation.
En misant sur la sobriété et en donnant du pouvoir d’action aux participants, de nouvelles courses en circuits courts montrent la voie, comme l’UBTL en Isère, qui propose une nouvelle manière de penser la performance de l’ultra-trail et des événements sportifs.
