Après plusieurs années de combats judiciaires entre un collectif de riverains et une mairie, la justice a tranché : les 17ha de forêt seront sauvées de la bétonisation. Le défrichement du parc d’Hiver, sur la commune de Mimizan, a été annulé et la zone doit redevenir classée Naturelle sur le PLU. Un soulagement pour la soixantaine d’habitants qui luttaient contre la disparition de ce havre de biodiversité.
Il y a deux ans, nous vous racontions comment associations environnementales locales et habitant s’étaient alliés pour sauver une forêt de 17 ha, menacée de destruction pour un projet immobilier de plus de 300 logements, dans les Landes. A l’époque, leur combat semblait mal parti : le défrichement avait été autorisé par la justice et la SEPANSO Landes avait même été condamnée à verser une amende de 1000 euros à la municipalité.
Deux ans plus tard, il s’agit d’un formidable retournement de situation pour ces amoureux de la nature. Après une première décision judiciaire le 3 août, dans laquelle le tribunal administratif de Pau a annulé le classement de la zone du parc d’hiver comme zone à urbaniser dans son Plan local d’urbanisme, une nouvelle victoire majeure est arrivée.
Dans un jugement rendu ce 9 novembre 2022 par le tribunal administratif de Pau, que La Relève et La Peste a consulté, le défrichement du parc d’Hiver (environ 17 hectares) a été annulé en vertu de la loi Littoral, du fait que le Parc d’Hiver assure la stabilité et la prévention du risque de submersion marine.
« Nous sommes ravis par cette nouvelle victoire cruciale, c’est la suite logique de la décision de révision du PLU d’annulation. La commune va faire appel donc nous restons très mobilisés pour préserver ces 17ha de forêt et d’espaces remarquables » a réagi Jean-Charles Dubourg auprès de La Relève et La Peste
Même si elle fait appel, la municipalité risque fort de se retrouver de nouveau déboutée, tant la Loi Littoral prend le pas sur le reste, explique le Cabinet Ducourau & avocats qui représente la SEPANSO.
Ce nouveau jugement reconnaît d’ailleurs la valeur remarquable de cet espace boisé avec ses 17,2 hectares composés de deux dunes de sable recouvertes de pins maritimes et comporte une chênaie avec des sujets assez anciens, et abritant des espèces protégées comme la loutre d’Europe, le grand capricorne, le gobemouche gris, des chauve-souris ou encore des amphibiens.
Dans un entretien accordé à France3Régions, Frédéric Pomarez, le maire de Mimizan, expliquait que ces logements étaient nécessaires pour résoudre la difficulté d’accès aux fonciers des habitants. Des arguments qui n’avaient pas convaincu le commissaire enquêteur il y a deux ans. Son rapport pointait ainsi qu’il avait été construit 844 logements de 2007 à 2016, alors que la population avait augmenté de seulement 220 habitants sur la commune. En cause : l’explosion des résidences secondaires et des logements réservés à de la location touristique.
« Cette décision conforte le fait que cet espace soit un havre de paix qui doive rester à la disposition des habitants et non pas servir des intérêts privés. Quand les terrains sont vendus 80 à 130€ le mètre carré aux promoteurs immobiliers, ce qui est dérisoire pour Mimizan, ce n’est pas pour avantager l’habitat local. Si c’est vraiment la volonté des élus, autant qu’ils vendent les terrains à ces prix bas directement aux habitants et pas aux promoteurs immobiliers » rétorque Jean Dupouy auprès de La Relève et La Peste
En plus des 60 personnes réunies au sein du Collectif Parc d’Hiver Mimizan, plus de 30% des habitants de la commune avaient voté en faveur d’un candidat qui proposait de sanctuariser le parc d’hiver lors des élections municipales 2020. La sanctuarisation sera le prochain combat du collectif.
« Cette fibre écologique et la notion de préservation des environnements forestiers est tout à fait d’actualité après les incendies qu’il y a eu cet été à Lacanau et la montée en puissance du réchauffement climatique. Il y a de plus en plus de personnes qui sont sensibilisés à ces questions et cela ne fait plus sens de couper des arbres pour construire en 2022 » conclut Jean-Charles Dubourg
Crédit photo couv : commune de Mimizan