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La ville de Montpellier interdit la chasse sur les terrains municipaux

Outre le bien-être des animaux, cheval de bataille d’Eddine Ariztegui, la commune de Montpellier a rompu ses conventions avec les associations de chasse pour des raisons de sécurité et de tranquillité des promeneurs. Mais les chasseurs locaux ne l’entendent pas de cette oreille et mènent depuis décembre une véritable fronde contre l’équipe du nouvel édile.

C’est une mesure hautement symbolique, mais qui pourrait constituer un précédent. Mercredi 23 décembre, la commune de Montpellier, chef-lieu de l’Hérault, a annoncé qu’elle supprimait le droit de chasse sur ses terrains municipaux. En mettant fin aux conventions qui la liait aux associations de chasseurs depuis des décennies, la septième ville de France par sa population prend la tête de la lutte des municipalités contre le monopole de la nature par les fédérations cynégétiques.

La « libre circulation des animaux » était l’une des promesses de campagne de Michaël Delafosse, le maire de Montpellier élu en juillet dernier à la faveur d’un rapprochement entre le Parti socialiste et Europe Écologie Les Verts. Six mois plus tard, elle a été mise en œuvre par son adjoint délégué au bien-être animal, Eddine Ariztegui, premier élu du Parti animaliste à siéger au conseil municipal de Montpellier.

En tout, soixante-dix hectares de terrains situés à Valedeau et à Cambacérès, à l’ouest de la métropole, seront désormais épargnés de la présence des chasseurs. C’est peu, comparé aux immensités dont ceux-ci disposent pour exercer leur loisir.

Mais comme l’écrit dans un communiqué l’Association pour la protection des animaux sauvages (Aspas), qui a aidé la municipalité à honorer sa promesse, les maires de France pourraient à l’avenir s’inspirer de « l’exemple de Montpellier » et utiliser leurs pouvoirs, même limités, pour « encadrer cette pratique de moins en moins populaire ». 

Selon le bilan le plus récent de l’Office français de la biodiversité (OFB), ces vingt dernières années, la chasse a fait en moyenne 158 victimes annuelles. Durant la saison de 2019-2020, 130 blessés et onze morts ont été recensés, la plupart dans les rangs des chasseurs.

Environ 56 % des accidents ont eu lieu au cours d’une battue au grand gibier et l’écrasante majorité d’entre eux sont causés par une mauvaise manipulation des armes à feu, l’irrespect de l’angle de trente degrés ou encore des tirs à hauteur d’homme, parfois en direction des habitations.

Le 2 décembre dernier, un jeune Britannique de vingt-cinq ans, Morgan Keane, a été abattu d’une balle dans le ventre à Calvignac, dans la vallée du Lot. Alors qu’il coupait du bois près de son domicile, un chasseur participant à une battue l’aurait pris pour un sanglier. Cependant, classé comme toujours dans la catégorie des accidents, cet énième drame risque de ne déboucher que sur une peine de prison très légère.

L’avocat de la famille de Morgan Keane, Maître Benoît Coussy, a récemment fustigé ce manque de proportionnalité de la justice vis-à-vis des chasseurs, qui témoigne selon lui d’un privilège scandaleux. Le parquet du Lot, quant à lui, souhaite « une tolérance zéro ».

Lire aussi : En campagne, témoignages et actions se multiplient contre la tyrannie des chasseurs

Outre le bien-être des animaux, cheval de bataille d’Eddine Ariztegui, la commune de Montpellier a rompu ses conventions avec les associations de chasse pour des raisons de sécurité et de tranquillité des promeneurs. Mais les chasseurs locaux ne l’entendent pas de cette oreille et mènent depuis décembre une véritable fronde contre l’équipe du nouvel édile.

Une fois n’est pas coutume, la première salve est venue des réseaux sociaux. Dans les jours qui ont suivi la décision de la mairie, Eddine Ariztegui aurait reçu des centaines d’insultes et de menaces de la part d’individus affiliés, de près ou de loin, aux fédérations de chasse. Une bonne partie de ces commentaires ou messages privés avaient un caractère raciste ou homophobe, indique le journal Midi Libre.

À l’occasion d’une interview incendiaire, Ferdinand Jaoul, conseiller régional délégué à la chasse et grand promoteur du lobby cynégétique, a déploré une « méthode brutale et sans égards » de la part de la mairie, « dans la mesure où l’arrêté d’interdire la chasse est exécutoire alors que la saison de chasse n’est pas encore terminée ».

Dans la foulée, la fédération de chasse du département a annoncé que ses membres ne poseraient plus de cages-pièges pour le compte de la métropole, en guise de représailles. Adepte des arguments remâchés, Ferdinand Jaoul a ensuite prédit que les sangliers profiteront de cette mesure pour proliférer, voire envahir la ville…

Ces propos illustrent à merveille la pauvreté du débat, alimenté par des contre-vérités que les chasseurs ressassent pour maintenir à tout prix le statu quo — qui leur est toujours favorable.

À la menace du sanglier, peut-être la plus grande arnaque cynégétique qui soit, Pierre Jouventin, docteur en éthologie animale et retraité du CNRS, propose une solution : que les chasseurs cessent d’entretenir leurs populations. Ce morceau d’anthologie mérite d’être cité entièrement :

« Entre les années 70 et 90, avec la généralisation des pesticides, indique le chercheur à Midi Libre, la petite faune a disparu. Les chasseurs se sont donc concentrés sur les sangliers en faisant des élevages. Ils les ont croisés avec les cochons et ces “cochongliers” se sont reproduits encore plus vite. D’autant que les tirs épargnent les reproductrices. Cette pollution génétique est très facile à prouver en étudiant l’ADN. Les chasseurs sont directement à l’origine de cette explosion démographique ! »

Tout en prétendant être nécessaires pour juguler leurs populations…

crédit photo couv : Wolfgang Staudt

Augustin Langlade

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