L’association Résistance à l’Agression Publicitaire (R.A.P.) pointe du doigt les effets néfastes de la publicité automobile sur les consommateurs et, de façon plus large, sur les ressources planétaires et la transition écologique. Les messages véhiculés par les constructeurs encouragent encore bien trop largement l’utilisation de la voiture individuelle et décomplexée à l’heure où la nécessité est indéniablement à la sobriété.
Les voitures particulières : 54% des émissions de gaz à effet de serre
À ce jour, plus d’1 milliard de voitures sont en circulation sur la planète. En France, elles contribuent à 54% des émissions de gaz à effet de serre émises par le secteur du transport, lui-même responsable d’un tiers du bilan carbone du pays.
Mais la voiture dans sa finalité entraîne également avec elle, en amont, bien des aberrations écologiques qu’il est urgent de réguler. Parmi elles, « la surexploitation des ressources, l’artificialisation des sols, l’impact sanitaire et environnemental de la pollution ou encore le creusement des inégalités sociales et économiques », comme le précise le rapport publié par RAP ce mardi 15 octobre.
Comme celui-ci le rappelle, près de 20 tonnes de matières premières sont utilisées pour la construction d’une voiture thermique, dont l’extraction des premiers éléments nécessaires à l’assemblage « sont à l’origine de situations de violations des droits humains et de dommages écologiques », et notamment en Amazonie, où les peuples autochtones sont menacés et forcés de quitter leur territoire à cause de la déforestation liée à la fabrication des véhicules.
Un imaginaire biaisé par les constructeurs automobiles
Pourtant, malgré un consensus scientifique indéboulonnable sur le sujet, mettant en lumière l’impératif d’évoluer « vers des modes de déplacement permettant un futur viable pour l’humanité », la publicité automobile continue de faire fi de l’urgence climatique et de celle de réduire drastiquement l’utilisation de la voiture individuelle pour espérer une transition écologique intelligente.
La RAP, après avoir analysé 137 publicités automobiles entre septembre 2022 et septembre 2024, révèle en effet que près de 2,5 milliards d’euros ont été dépensés pour diffuser lesdites publicités dans les médias. En 2019, cela représentait 28 pages dans la presse quotidienne, 8h45 de publicités télévisées par jour, et 318 718 affiches dans l’espace public.
Le rapport démontre que les constructeurs et les gouvernements privilégient des véhicules plus lourds, plus puissants, plus nombreux et donc plus polluants. Autre problème, la transition écologique est dépeinte par ces mêmes constructeurs comme uniquement possible sous le prisme de l’innovation technologique, toujours plus polluante elle aussi, tandis que sont attendues des mesures de sobriété et de déconstruction de cette hégémonie.
Rappelons également qu’au 1er janvier 2023, seul 2% des 38,9 millions de voitures en France sont électriques ou à hydrogène, quand le reste circule toujours en diesel ou essence.
Repenser la place de la voiture particulière
Par ailleurs, la RAP met en exergue l’insuffisance de régulation de l’industrie publicitaire. Les « mentions légales, contrats-climat et instances d’« autorégulation » échouent selon elle à « contrebalancer les influences normatives reliées à ces campagnes ».
En effet, il apparaît que 80% des 56 contrats actuels issus de la loi Climat et résilience de l’industrie automobile possèdent des indicateurs « flous ou non chiffrés ». Aussi, aucune mesure de sobriété, comme la réduction de la vitesse ou du poids, ne sont mentionnées.
Plus largement, la RAP dénoncent des « interdictions limitées et sectorielles de publicités pour les énergies fossiles » qui ne vont pas, elles non plus, dans le sens d’une transition écologique pérenne en redirigeant le consommateur vers des véhicules sobres.
Ces constats n’incitent donc pas à détricoter l’imaginaire depuis longtemps enraciné autour de l’automobile, où devrait et doit être repensé en totalité l’usage individuel de la voiture. La RAP espère aujourd’hui que l’ère du tout-automobile cesse, notamment en mettant en place des politiques de sobriété efficaces et suggère la « création d’une autorité indépendante, dotée de réels pouvoirs de régulation des supports et des contenus publicitaires ».
À ce titre, l’association demande à ce que soit interdite la propagande ou publicité directe ou indirecte, par tous moyens et sur tous supports, en faveur de tout véhicule terrestre à moteur supérieur à 270 kilogrammes, à l’exception des véhicules dédiés aux services de transports en commun.
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