C’est un tournant majeur pour les droits des animaux. Alors que la Pologne était le premier producteur européen de fourrure, le président Karol Nawrocki a signé aujourd'hui une loi qui met fin à l'élevage d'animaux pour la fourrure d’ici 2033. La Pologne est le 23ᵉ pays européen à interdire cette pratique, après la France, le Royaume-Uni ou la Belgique.
L’interdiction de l’élevage pour fourrure
339 députés polonais (sur 436 présents) avaient déjà voté en faveur de cette interdiction en octobre 2025. Corédigée par Anima International et la députée Małgorzata Tracz, la loi prévoit :
- L’interdiction immédiate de créer de nouveaux élevages à fourrure
- Une période de transition de 8 ans pour les élevages existants
- Des compensations dégressives pour les éleveurs sur les 5 premières années, pour encourager une sortie anticipée
- 12 mois d’indemnités de licenciement et un accompagnement à la reconversion professionnelle pour les employés
Aujourd’hui, elle a été signée par le président polonais Karol Nawrocki, qui instaure l’interdiction de l’élevage d’animaux à fourrure en Pologne.
« C’est une décision que les Polonais attendaient depuis de nombreuses années. Une décision qui reflète notre compassion, notre maturité civilisationnelle et notre respect pour tous les êtres vivants », a déclaré le Président Karol Nawrocki dans une vidéo postée sur X le 2 décembre.

Photos du vote du 17 octobre 2025, où la majorité des députés polonais ont voté en faveur de l’interdiction de l’élevage pour la fourrure – Crédit : Anima International
Vers la fin de la fourrure en Europe
Ce faisant, la Pologne emboîte le pas à de nombreux pays européens. En France, l’élevage d’animaux à fourrure est interdit depuis la loi du 30 novembre 2021 contre la maltraitance animale.
La Commission européenne doit se prononcer début 2026 sur une législation pour « mieux encadrer » l’élevage pour la fourrure. En effet, le bien-être animal est au cœur des préoccupations de nombreux citoyens européens : l’Initiative citoyenne européenne « Fur Free Europe » avait recueilli plus de 1,5 million de signatures en 2022-2023.
« L’élevage pour la fourrure incarne tout ce qui ne va pas dans notre traitement des animaux, je suis donc ravi de la décision de la Pologne », a réagi Keyvan Mostafavi, directeur d’Anima, branche française d’Anima International.
Cette nouvelle législation polonaise rejoint les 22 pays européens ayant déjà interdit l’élevage pour la fourrure, preuve de l’évolution des mentalités. Cette année, l’EFSA a publié un avis rappelant qu’il n’y a aucun bien-être animal possible, lors de l’élevage en cage pour leur fourrure.
Une industrie à l’agonie
Cette décision majeure est le symbole d’une industrie à l’agonie. Alors que la Pologne est le premier producteur européen de fourrure et le deuxième au monde, l’industrie s’effondre.
« Depuis son pic de 2015, le nombre d’animaux élevés pour leur fourrure a chuté de 70 %, pour atteindre 3 millions par an. Le secteur emploie environ 900 personnes, essentiellement en emplois saisonniers », rappelle Anima dans un communiqué.
L’activité principale du pays : de grands élevages de visons. La quasi-totalité de la fourrure polonaise est exportée via la maison de ventes aux enchères finlandaise Saga Furs vers la Chine, la Russie et la Corée du Sud.
Anima International enquête sur les élevages à fourrure en Pologne depuis plus de 13 ans. La dernière manifestation contre les impacts environnementaux et sociaux des élevages à fourrure a eu lieu en avril 2025. L’industrie a maintenant 8 ans pour se préparer à fermer.
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