La destruction des zones humides, la pollution des rivières et la chasse ont entraîné la quasi-disparition de la loutre du territoire français au cours du siècle dernier. Dans les années 80, la chasse est interdite et l’espèce devient protégée. 

« Seules quelques populations subsistent alors sur la façade atlantique et dans le Massif central » expliquent les chercheurs du CNRS auteurs de l’étude. Les populations restantes sont « isolées », la diversité génétique est impactée. 

Une expansion de 40 % en 14 ans

Grâce à une observation de 40 000 traces et empreintes, en particulier les déjections, les chercheurs ont pu observer l’essor progressif de la loutre. Entre 2009 et 2023, la surface occupée par l’espèce a augmenté de 40 %, s’étendant vers les zones côtières, les cours d’eau secondaires, la Bourgogne, les massifs montagneux et même des rivières proches de la Méditerranée.

Trois noyaux historiques de population, principalement situés sur la façade Atlantique et dans le Massif Central, sont en voie de reconnection, formant un front actif de colonisation.  

Nouveaux corridors écologiques 

La création de ces nouveaux corridors écologiques ne garantit pas encore « un brassage génétique suffisant entre les populations, parfois encore isolées par les routes, les barrages ou l’urbanisation » selon le CNRS. 

« Cette plasticité écologique laisse espérer une installation durable de l’espèce, à condition que ses habitats restent protégés et connectés ». Là est tout l’enjeu, la recolonisation est permise par la réduction de la pollution, l’amélioration de la qualité de l’eau, la protection et la bonne santé de certaines zones humides et la recrudescence du gibier. 

Le rétablissement de la loutre indique une efficacité des politiques de restauration fluviale, mais suggère de poursuivre les efforts pour préserver les habitats connectés