L’hiver 2019-2020 s’annonce comme le plus chaud jamais enregistré en France, avec une température moyenne supérieure de 2,7°C à la moyenne, annonce Météo-France.
Un phénomène sur l’ensemble de la France métropolitaine
L’hiver n’est pas encore terminé que Météo France peut déjà l’affirmer dans son premier bilan saisonnier : à l’échelle de la France et de la saison, la température moyenne devrait être supérieure à la normale* de 2,7 °C, plaçant cet hiver au 1er rang des hivers les plus chauds sur la période 1900-2020 devant les hivers 2015-2016 (+2.6 °C) et 1989-1990 (+2.0 °C).
« La température a été en moyenne plus de 2 °C au-dessus de la normale en décembre et janvier et plus de 3 °C en février », relève ainsi l’institut.
En hiver, la température moyenne (période de référence 1981-2010) est normalement de 5,4°C en France métropolitaine. Mais cette année, la période hivernale a été caractérisée par une douceur inhabituelle, avec des records de chaleur : jusqu’à 27 degrés enregistrés notamment dans le sud du pays en début de mois. Malgré quelques refroidissements ponctuels, il n’y a pas eu de pic de froid sur la saison.
« Sur les 11 hivers les plus chauds depuis 1900, quatre sont concentrés sur les 10 dernières années, et six sur les 20 dernières années. C’est cette répétition qui est vraiment le signe du changement climatique. », souligne ainsi Pierre Etchevers, climatologue à Météo-France.
Si des températures plus douces favorisent des économies d’énergie car les foyers ont moins besoin de se chauffer, une inquiétude règne concernant la capacité d’adaptation des végétaux qui ont besoin d’un arrêt complet de leur cycle végétatif pendant l’hiver.
De la même façon, les ravageurs des végétaux et les parasites sont d’habitude régulés par les fortes gelées, les cultures devront donc être particulièrement surveillées au cours des prochains mois.
Des tempêtes et des inondations
En plus de températures anormalement chaudes, cet hiver a été marqué par de fréquentes tempêtes en décembre puis février. Il y a aussi eu des épisodes de pluies intenses qui ont provoqué de sévères inondations en décembre sur la région Provence – Alpes – Côte d’Azur et en janvier sur le Roussillon en marge de la tempête Gloria.
La pluviométrie globale devrait ainsi être excédentaire de 10% par rapport à la moyenne des années 1981/2010.
Cette multiplication des événements météorologiques extrêmes conjuguée avec une hausse moyenne des températures, plus ou moins importante selon les régions, correspond aux prévisions des climatologues sur la crise climatique actuelle. La crise climatique étant imputée aux émissions de gaz à effet de serre causée par l’activité humaine, cette tendance devrait continuer au cours des prochaines années.
« Pourquoi est-ce que ce record ne va pas durer longtemps ? Parce que, à cause de l’inertie du CO2 dans l’air, la dérive climatique des 20 prochaines années est déjà inscrite dans les émissions passées. Le climat de 2040 sera donc nécessairement plus chaud de quelques dixièmes de degré (à l’échelle planétaire) que celui de 2020, quoi que nous fassions. Et donc, nécessairement, nous irons de record en record pour au moins quelques décennies en ce qui concerne les températures… et pour bien plus longtemps sur d’autres compartiments du système climatique (la montée de l’océan par exemple). » explique ainsi Jean-Marc Jancovici, ingénieur-climat et membre du Haut Conseil pour le Climat
Selon les relevés de Météo-France, 2019 avait ainsi été la troisième année la plus chaude en France métropolitaine – après 2018 et 2014 – et a été marquée par deux épisodes exceptionnels de canicule et un record absolu de 46 °C. Au niveau mondial, 2019 a conclu une décennie de chaleur record, en étant la deuxième année la plus chaude dans le monde, selon le service européen Copernicus.