Le lundi 27 juin, Marie-Pierre Mouton, présidente du conseil départemental de la Drôme, a annoncé que le département n’investira plus dans la neige artificielle. La décision est de taille, car la Drôme compte actuellement sept stations de ski qui représentent une entrée économique importante. Cette avancée pourrait inspirer d’autres départements et stations à faire face au réchauffement climatique.
Lors de la présentation du plan Montagne 2022-2028, la présidente du département a déclaré : « Il n’y aura plus de neige de culture ».
Elle développe : « On sait qu’il y aura de moins en moins de neige à l’avenir. Il faut faire avec notre temps, et la ressource en eau est un bien précieux. On peut trouver des activités annexes pour continuer à faire venir des gens en montagne, que ce soit en hiver ou en été. »
Selon les modèles climatiques, la Drôme perd dix jours d’enneigement par an tous les 15 ans. Les sept stations de ski de la Drôme engendrent actuellement plus de 200 000 entrées par an, ce qui équivaut à 10 millions d’euros de retombées économiques, et constituent la troisième destination touristique du département. La région a choisi de s’adapter.
Par l’intermédiaire du plan Montagne, les élus souhaitent changer ce modèle économique sur les 8 prochaines années en diminuant le chiffre d’affaires des activités liées à la neige en station. Le but est d’abaisser les 73 % actuels à 58 % d’ici 2030.
Pour cela, des activités 4 saisons vont être inaugurées. L’objectif est d’ouvrir des stations avec une dimension patrimoniale ou portée sur ses espaces naturels, qui ne sont pas uniquement tournées sur des activités de loisir. France Bleu en rapporte le détail, présenté par Cédric Fermond, le directeur des stations de la Drôme : des sentiers avec outils numériques, deux parcs de trottinettes électriques, des activités d’accrobranche, ou encore du tubing (glisse sur bouées, skis ou vélos).
En ce qui concerne les stations-même, les canons à neige déjà en place seront conservés, mais des aménagements vont être développés afin de mieux stocker et utiliser la neige naturelle. Des jardins des neiges destinés à l’apprentissage des enfants seront installés à plus de 1350 mètres d’altitude.
Cerise sur le gâteau, les domaines vont être reboisés afin de conserver plus longtemps la neige. La forêt joue en effet un rôle de coupe-vent et fait ombrage, elle évite que la neige ne soit soufflée et ralentit sa fonte.
Si certaines régions s’adaptent, à d’autres endroits, les canons à neiges sont en augmentation. Adopté en octobre 2021, le plan montagne II de Laurent Wauquiez, président de la région Auvergne-Rhônes-Alpes, pour lequel 100 millions d’euros ont été alloués, inclut la mise en place d’une centaine de retenues d’eau pour alimenter des canons à neige. Les retenues d’eau empêchent pourtant l’eau de s’infiltrer dans les sols, et la laissent s’évaporer très facilement.
Elles sont également une menace directe pour l’environnement et la biodiversité. En Haute-Savoie, à la Clusaz, un projet de retenue collinaire provoquerait un trou d’une largeur de 148 000 m³ dans la montagne, au-dessus d’une immense tourbière, essentielle pour le cycle de l’eau. Les activistes ne lâchent rien : le 25 juin, 500 personnes étaient rassemblées pour exprimer leur opposition contre l’accaparement de l’eau et le tourisme de luxe.
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Dans le massif du Jura, une station de ski franc-comtoise, le Métabief, dont les remontées sont relativement basses, a annoncé en septembre 2021 qu’il fermera ses portes d’ici 2030-2035, car la viabilité du ski alpin est remise en cause par les prédictions climatiques.
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Le syndicat qui gère la station a préféré anticiper un déficit chronique. Des activités intégrées avant tout à l’environnement, pour sa préservation, seront mises en place. La station de Métabief a également construit un document méthodologique afin de présenter les nombreux critères dont les élus doivent prendre compte pour développer la transition climatique des stations de ski.
Le cas de Métabief et la décision du Conseil municipal de la Drôme montrent une considération face à l’arrêt futur de nombreuses remontées mécaniques, et une anticipation du choc auquel les économies locales devront faire face.
Olivier Erard, l’un des acteurs principaux de la transition du Métabief, encourageait en 2021 les stations de ski à franchir cette étape : « Je dirais à toutes les stations qu’elles ont la responsabilité de bien connaître leur montagne, son environnement, ses enjeux liés à l’eau et ses perspectives climatiques. Cela doit faire partie des fondamentaux et non plus des options. Tout le monde dispose maintenant des outils pour accéder à la connaissance, il n’y a pas d’excuse. »